La 13e Demi-Brigade de Légion étrangère

La 13e Demi-Brigade de Légion étrangère

La 13e Demi-Brigade de Légion étrangère

Régiment de marche formé au début de 1940 à partir des quatre régiments étrangers stationnés en Afrique du Nord, commandée par le lieutenant-colonel Raoul Magrin-Vernerey – le futur général Monclar – la 13e Demi-brigade de Légion étrangère* était composée de deux unités de commandement et de deux bataillons et avait pour devise : “More Majorum” (“À la manière de nos anciens”). D’abord prévue pour intervenir en Finlande, elle fut ensuite dirigée sur la Norvège, où elle livra son premier combat à Bjervik, premier débarquement de vive force de la guerre, avant de s’emparer de Narvik, première victoire terrestre alliée du conflit. Rappelée en France, la 13e DBLE se trouvait à Brest le 18 juin et, trois jours plus tard, au complet, en Grande-Bretagne.

Regroupée près de Glasgow, elle y reçut la visite du général de Gaulle, qui lui proposa soit de rentrer en France, soit de continuer la lutte dans le cadre des FFL. La moitié des légionnaires regagnèrent la France – en fait le Maroc – sous le commandement du général Béthouart ; l’autre moitié (900 hommes environ) constitua une nouvelle Demi-Brigade (la 14e jusqu’en janvier 1941), noyau équipé et armé des premières FFL, aux ordres du colonel Magrin-Vernerey et de son adjoint, le capitaine Pierre Kœnig. Du 1er juillet au 31 août, cantonnée au camp d’Aldershot**, elle se réorganisa par la restauration de la discipline, la perception d’un équipement destiné aux pays chauds, l’entraînement, l’intégration de volontaires venus de France (parmi lesquels Pierre Messmer et le futur général Jean Simon).

Le 31 août 1940, elle embarque pour Dakar dans le cadre de l’opération franco-britannique Menace, avant d’être acheminée sur Douala, puis sur Yaoundé (9 octobre). Quelques semaines plus tard, elle prend une parti active au ralliement forcé du Gabon, sous le commandement du général de Larminat, du colonel Leclerc et du capitaine Kœnig. A la mi-novembre, elle est intégrée à la Brigade française d’Orient (BFO) et rejoint Port-Soudan (12 février 1941) pour participer à la campagne d’Érythrée ; renforcée d’une compagnie du BIM, elle y contribuera à la chute de Keren et à la prise de Massaouah (8 avril 1941).

Dans les premiers jours de mai, le paquebot Paul-Doumer l’achemine à Ismaïlia, d’où elle est dirigée sur le camp de Qastina (Palestine), où se forme la 1re Division légère (ou Brigade) française libre et où de Gaulle vint lui remettre huit croix de la Libération. Elle pénètre en Syrie le 8 juin et, après avoir livré de très durs combats (23 tués, 35 blessés), entre à Damas le 21 juin. Elle est rejointe par une grande partie du 6e régiment étranger et plusieurs centaines de légionnaires de l’armée du Levant ; un régiment est créé et confié au lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari, qui prend le commandement de la DBLE le 16 septembre 1941.

Le 25 décembre, les 2e et 3e bataillons partent pour l’Égypte ; à la mi-janvier, la Brigade Kœnig relève une brigade sud-africaine devant la passe d’Halfaya, tenue par une dizaine de milliers de Germano-Italiens, qui ne tardent pas à se rendre. Un mois plus tard, après avoir organisé des travaux de défense sur la ligne Ghazala – Bir Hakeim, la DBLE prend position à Bir Hakeim, à 80 km au sud de Tobrouk. Jusqu’à la fin de mai 1942, les légionnaires seront de toutes les Jock Columns et de tous les coups de main contre l’ennemi. Le 27 mai, c’est face au point d’appui occupé par le 2e bataillon de Légion que Rommel lance sa première attaque. Jusqu’à l’évacuation de la position (10-11 juin), les légionnaires sont à la pointe du combat, comme en témoigne le lourd bilan de la bataille pour la DBLE : 90 tués et 200 blessés pendant le siège; 40 tués, 125 blessés au cours de la sortie.

Après trois mois de repos et de réorganisation ans les envions du Caire, elle reçoit un nouvel armement et rejoint la VIIIe armée britannique à El Alamein. Le 24 octobre, elle attaque au piton d’El Himeimat, où le lieutenant-colonel Amilakvari trouve la mort. Stationnée à Gambut, près de Tobrouk, commandée par le commandant Bablon, la DBLE comprend désormais trois unités***:
– le 1er BLE (capitaine Brunet de Sairigné) ;
– le 2e BLE (commandant Bablon) ;
– la 13e compagnie antichars (commandant Arnault).

Cependant, à la faveur de la mise sur pied de la 1re DFL, commandée par le général de Larminat (janvier 1943), la DBLE disparaît en tant que corps de troupe et ses trois unités sont incorporées dans la 1re brigade, commandée par le général Lelong.

Après avoir franchi plus de 2.000 km en onze jours, la DFL arrive en Tunisie le 19 avril 1943. Au cours de cette campagne, le bataillon Sairigné se distinguera lors des combats du Djebel Garci et de Takrouna. Les BLE embarquent ensuite pour Naples, avec le reste de la division maintenant commandée par le général Brosset ; ils participeront aux combats de San Giorgio, Pontecorvo, Montefiascone, San Lorenzo et Radicofani (mai-juin 1944). Le 21 juin, enfin, la 1re Brigade est relevée par le 8e RTM ; l’ex-DBLE a permis en Italie trois officiers et 103 sous-officiers et hommes de troupe.

Le 16 août 1944, elle fera partie des premières troupes françaises débarquant sur les côtes de Provence, à Cavalaire, avant de marcher immédiatement sur Toulon. Passant le Rhône à Avignon, elle atteint Lyon le 2 septembre et défile dans Dijon le 15 septembre. Après deux mois de siège devant Belfort, elle est engagée dans la bataille des Vosges (Champagney, Giromagny) et prend le Ballon d’Alsace (24 novembre). Tandis que le 1er BLE (commandant de Sairigné, puis capitaine de Corta) pousse des patrouilles sur la Doller, le 2e BLE (commandant Jean Simon) attaque Masevaux et Seegenkoff. Au même moment, le 3e BLE est reconstitué sous les ordres du commandant André Lalande ; il se distinguera dans les combats de Cornimont, Niederbruck et de la défense de l’Ill (novembre-décembre 1944).

Durant les combats des Vosges, la Légion perd 145 hommes (et 643 blessés).

Le 23 janvier 1945, l’ex-DBLE parvient au Rhin à Colmar, assiégée par la Ire armée. Rattachée à l’armée des Alpes à la fin de mars, elle participe à l’attaque du massif de l’Authion, puis entre en Italie (elle est stoppée à 70 km de Turin, sur ordre des Américains). En lui décernant la croix de la Libération le 6 avril, le général de Gaulle fera l’éloge de ce “noyau important et très ancien des FFL”, qu’il qualifiera d'”un des pôles d’attraction les plus prestigieux autour duquel se sont groupées les premières forces françaises pour la libération de la patrie”.

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* Son appellation exacte était : “13e Demi-Brigade de marche de haute montagne de la Légion étrangère”.
** Elle y recevra la visite de plusieurs généraux britanniques, dont le maréchal lord Gort, ancien chef du corps expéditionnaire en France, et, le 24 août, du roi George VI.
*** Le 3er BLE est dissous après Bir Hakeim à cause de ses pertes.