Le 1er Régiment d’artillerie, Compagnon de la Libération

Le 1er Régiment d’artillerie, Compagnon de la Libération

Le 1er Régiment d’artillerie, Compagnon de la Libération

1_4_1_18_a_image_2En juillet 1940, parmi les premiers volontaires ralliés au général de Gaulle se constitue une ébauche de groupe d’artillerie. Il est composé de gradés d’active ou de réserve, de trois ou quatre canonniers ayant déjà fait du service et d’une cinquantaine de jeunes recrues évadées de France ; le complément devait être trouvé en Afrique noire. Une batterie potentielle de quatre canons de 75 mm, dont le personnel doit être trouvé sur place, commandée par le lieutenant Chavanac et une section de deux canons de 75 mm avec personnel commandée par le lieutenant Quirot sont organisées. Le matériel, canons et tracteurs, est français et revient de Norvège.
Ce groupe, qui forme l’artillerie du corps expéditionnaire destiné à l’opération sur Dakar, embarque le 31 août 1940, les hommes sur le Pennland et le Westernland, le matériel sur des cargos.
Après l’échec de l’opération devant Dakar, les artilleurs débarquent au Cameroun. Le capitaine Laurent-Champrosay, commandant de la 31e Batterie d’Artillerie, qui a quitté Bobo-Dioulasso, en Côte d’Ivoire, où elle était stationnée, pour rallier la France Libre, prend la tête du groupe.
La section Quirot et la batterie de Laurent-Champrosay prennent une part active, au sein de la Brigade française d’Orient, à la campagne d’Erythrée contre les Italiens, notamment à la prise de Keren, le 27 mars, puis de Massaoua, le 8 avril. Pendant cette campagne, une nouvelle batterie est formée avec des canons de 65 de montagne italiens.
En mai 1941, les artilleurs sont réunis au camp de Qastina, en Palestine. Ils sont complétés par le capitaine Chavanac, qui a formé à Pointe-Noire une deuxième section de 75 avec un personnel composé d’artilleurs venus d’Angleterre, de coloniaux et de noirs congolais.

1_4_1_18_a_image_1L’artillerie des FFL, composée de deux batteries, est engagée en Syrie en juin 1941. La 1ère Batterie, mieux équipée, se distingue tout le long de la route de Damas ; la 2e Batterie, quant à elle, récupère au fur et à mesure des canons de 75, qu’elle utilise pour la défense antichars.
Installée à Damas le 16 juillet, après l’armistice, l’artillerie obtient le ralliement de nombreux Sénégalais, Malgaches et Cambodgiens. Quatre batteries, comprenant chacune quatre pièces de 155 court Schneider et deux pièces de 75 antichars sont formées et subissent un entraînement intensif ; le Régiment se transforme en unité motorisée moderne et acquiert une grande technique.
Là a lieu la naissance officielle du 1er Régiment d’Artillerie des Forces Françaises Libres, par décision du général Catroux, commandant en chef des troupes du Levant, le 19 décembre 1941. Le chef d’escadron Laurent-Champrosay est à sa tête.
Les quatre batteries du Régiment, équipées au dernier moment de six pièces de 75, sont intégrées à la 1ère Brigade Française Libre du général Koenig qui rejoint le 8e Armée britannique en Libye. Après sa participation à la prise d’Halfaya, en janvier 1942, le Régiment se distingue à Bir Hakeim. Les pièces sont enterrées profondément dans la place, quand elles ne participent pas, en appui des bataillons d’infanterie, aux Jock-Columns, raids à travers la Cyrénaïque pour harceler l’ennemi. Malgré les bombardements des Stukas, les tirs de batterie de l’artillerie lourde allemande, les assauts de l’Afrikakorps et des Italiens, le Régiment tient bon du début de la bataille, le 27 mai, jusqu’à la sortie, dans la nuit du 10 au 11 juin. Le 1er RA laisse 64 tués à Bir Hakeim, dont sept officiers, et 16 canons hors d’usage sur 24.
Après son repli, le Régiment est rejoint par une 5e Batterie, sous les ordres du capitaine Marsault et rééquipé en matériel anglais, les quatre premières batteries avec quatre canons de 88 mm, la 5e de 140 mm. Il rejoint la 8e Armée britannique du Maréchal Montgomery en octobre 1942 et combat à l’Himeimat, au sud de la position d’El Alamein.
Affecté six mois à Gambut, le Régiment joue un rôle important dans les derniers combats de Tunisie, à Takrouna, en mai 1943, où ses cinq batteries tirent pas moins de 26.500 coups de canon.

1_4_1_18_a_image_3Après un été passé en Tripolitaine avec la 1ère DFL et la 2ème DFL, le 1er RA s’installe à Tunis et absorbe le 2e Régiment d’Artillerie Coloniale, formé essentiellement d’artilleurs venus de Djibouti et d’une batterie venue d’Angleterre. Des éléments venus de tous les coins du monde viennent peu à peu augmenter ses rangs : Mauriciens, Réunionnais, Pondichériens, Arméniens et Français d’Amérique latine. Equipé en matériel américain, le Régiment, sous les ordres du colonel Laurent-Champrosay, secondé par le lieutenant-colonel Maubert, est composé de trois groupes de 105 mm commandés par les chefs d’escadron Marsault, Jonas et Bruneton et d’un groupe de 155 mm sous les ordres du chef d’escadron Crespin. Un détachement de liaison avancé est placé sous les ordres du commandant Ravet, tandis que la section de piper-cubs du lieutenant Laporte assure l’observation aérienne.
Débarqué en Italie en avril 1944, avec la 1ère DFL, l’unité appuie les assauts d’infanterie, notamment au Garigliano, entre le 7 et le 14 mai, et enchaîne les combats jusqu’en Toscane. A Radicofani, le colonel Laurent-Champrosay, dont le véhicule saute sur une mine, au cours d’une reconnaissance, trouve la mort. Outre son chef, le 1er RA aura perdu en Italie cinq commandants de batterie.
Le 16 août 1944, le Régiment, commandé par le colonel Bert, débarque en France, à Cavalaire. Il prend une part active à la prise de Toulon, traverse le Rhône près d’Avignon, le 29 août, et remonte les vallées du Rhône et de la Saône, à la poursuite de l’ennemi.
Le contact est repris avec les troupes allemandes en septembre, en Haute-Saône, à Villersexel. Le Régiment aide à la prise d’Andornay, de Lyoffans, de Clairgoutte et de Ronchamp.
En novembre, dans un terrain difficile, dans la boue et la neige, parmi une grande quantité de mines et de pièges, le 1er RA soutient l’offensive sur Belfort et Mulhouse. Ses éléments noirs ont alors tous été remplacés par de jeunes volontaires métropolitains, qui ont rejoint ses rangs entre Toulon et Lure.
Envoyé réduire les poches de l’Atlantique sous le commandement du général de Larminat, le Régiment est rappelé d’urgence vers l’Alsace en raison de l’offensive du Maréchal Von Rundstedt sur les Ardennes, en décembre 1944. Il contribue, avec d’autres unités, à l’arrêt de la contre-attaque allemande sur Strasbourg, puis participe à la réduction de la poche de Colmar, en janvier 1945.
Parvenu sur le Rhin le 3 février, le Régiment est déplacé une nouvelle fois avec la 1ère DFL et prend part, dans les Alpes, à la bataille de l’Authion, en avril 1945.
Le 22 mars 1945, le 1er RA prend le nom de 1er Régiment d’Artillerie Coloniale. Le 24 septembre 1945, à Chelles, le 1er RAC reçoit des mains du général de Gaulle la croix de la Libération, accordée par décret du 7 août 1945. En outre, le Régiment a été cité trois fois à l’ordre de l’Armée, le 28 août 1942, le 30 juillet 1943 et le 29 mars 1945, la 3e Batterie à l’ordre de la Division le 13 mars 1945. Le 1er Régiment d’Artillerie de Marine perpétue le souvenir du 1er RA, dont il est le régiment de tradition.