À la manière de Heredia

À la manière de Heredia

À la manière de Heredia

Veille d’armistice

Dans une série de sonnets, intitulée Les Catastrophées, J. M. de Hérédia évoque, selon les règles de l’esthétique parnassienne, les grands événements de 1940. Voici le premier de ces sonnets :

Par la horde ennemie et la détresse interne,
Poussé du Nord au Sud vers le sol aquitain,
Un grand peuple affolé que traque son destin
A fui. L’orage gronde et le ciel rouge est terne.

Chez les plus fous l’espoir est mort. Nulle lanterne
N’éclaire la nuit sombre où s’enfonce Pétain.
Plus de soldat hardi ni d’officier hautain :
Le deuil est sur Bordeaux que la terreur consterne.

Et chaque soir la foule, attendant les pillards,
Allait au bord du fleuve, enfants, femmes, vieillards,
Troupeau morne devant l’implacable avalanche.

Tous anxieux de voir, accouru de Paris,
Les dents et le sourire également pourris,
L’auvergnat au front brun et sa cravate blanche.