Dénoncer l’assassinat des handicapés

Dénoncer l’assassinat des handicapés

Dénoncer l’assassinat des handicapés

Le contexte

Aktion T4 est le nom d’un programme d’extermination des handicapés mentaux et physiques mis en place par les autorités nazies en Allemagne de janvier 1940 à août 1941. Des rumeurs se propagent, et de protestations s’élèvent rapidement. L’Église catholique émet, la première, une protestation publique qui rencontre un écho mondial.

Dans sa session générale du 27 novembre 1940, le Saint-Office, au Vatican, condamne cette politique de mise à mort des handicapés. Le décret est publié, avec quelques modifications, le 2 décembre suivant. À la question : « Est-il licite de tuer directement, sur ordre de l’autorité publique, ceux qui, sans avoir commis aucun crime qui mérite la mort, ne sont pourtant plus en état, par suite de déficiences psychiques ou physiques, d’être utiles à la nation, et qui sont considérés au contraire comme lui étant à charge et comme faisant obstacle à sa vigueur et à sa force ? », la réponse est : « Non, puisque cela est contraire au droit naturel et au droit divin positif ». Le texte n’est publié ni dans L’Osservatore Romano, journal du service officiel d’information du Vatican depuis 1861, ni à Radio-Vatican, et n’est diffusé en Allemagne qu’à partir de mars 1941.

Le 9 mars 1941, Konrad von Preysing, évêque catholique de Berlin, dénonce les « meurtres baptisés “euthanasies” ».

Le 2 août 1941, Clemens August von Galen (1878-1946), évêque catholique de Münster, dans le nord-ouest de l’Allemagne, de 1933 à 1946, prononce un sermon contre l’euthanasie des personnes handicapées. Bien que fervent nationaliste, l’évêque se montre très critique, dès 1934, à l’égard de l’idéologie nazie, dont il dénonce le culte de la race dans une lettre pastorale du 29 janvier 1934. Il publie ainsi plusieurs essais contre les thèses de l’idéologue du parti, Alfred Rosenberg. Son sermon a un grand retentissement ; des copies parviennent même à des soldats allemands sur le front. Les autorités nazies envisagent l’arrestation de l’évêque, mais doivent y renoncer, de peur des réactions de l’opinion catholique, et finissent par renoncer au programme Aktion T4.

Euthanasie hitlérienne

« Euthanasie hitlérienne » est un article paru dans le n° 6-7 de France d’abord, publié à Brazzaville (Moyen-Congo) le mercredi 30 avril 1941, p. 7. Il rend compte de la diffusion, par Radio-Vatican, du décret pris le 2 décembre 1940 par le Saint-Office.

Le centre d’extermination de Grafeneck, situé à Gomadingen, alors dans le Wurtemberg-Hohenzollern (actuel Bade-Wurtemberg), est l’un des six centres de gazage du programme Aktion T4. On estime que 10 654 personnes y ont été tuées, sur un total de 70 273 à 71 088 victimes gazées.

Euthanasie hitlérienne

Coll. Fondation de la France Libre

Le sermon de l’évêque de Münster

Cet article est édité en supplément du n° 3-4 de France, l’« organe des Français Libres du Proche-Orient et des Balkans », publié à Beyrouth le 22-31 janvier 1942. Il comprend le « texte du sermon de Monseigneur le comte von Galen, évêque de Munster », et le « texte de la correspondance échangée entre l’évêque von Galen et le ministre nazi du Reich ».

Hans Lammers (1879-1962) est secrétaire d’État à la Chancellerie du Reich (1933-1937) puis ministre sans portefeuille (1937-1945). À ce poste, il assure la coordination entre les ministères, assure la diffusion de la volonté du Führer et sert d’interlocuteur du régime avec les corps constitués. À partir de 1942, son rôle diminue au profit de Martin Bormann, qui le remplace dans l’entourage d’Hitler.

sermon de l'évêque de Münster p. 1

Coll. Fondation de la France Libre

Documents

Pierre Blet, Robert A. Graham, Angelo Martini, Burkhart Schneider, Actes et documents du Saint Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale : Le Saint Siège et les victimes de la guerre (mars 1939-décembre 1940), Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 1972, p. 497-500.

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