Les élèves officiers de la France Libre

Les élèves officiers de la France Libre

Les élèves officiers de la France Libre

Le général de Gaulle attachait une grande importance à la formation des cadres des Forces françaises libres, d’où la création de plusieurs écoles et pelotons d’élèves officiers.

Dès l’automne 1940, il mit en place l’Ecole de Camberley (Infanterie, Artillerie, Chars). Quant aux plus jeunes volontaires, qui avaient entre 14 et 17 ans, ils devaient être orientés vers une autre formation, qui deviendra ultérieurement l’école des Cadets de la France libre. L’historique de cette école est traité à part dans un autre texte.

Sur l’ordre du général de Gaulle furent créés, en décembre 1940, par le général de Larminat, l’école de Brazzaville, qui assura la formation de cadres de l’infanterie, puis, en septembre 1941, par le général Catroux, des pelotons d’élèves officiers (Infanterie, Artillerie, Chars) à Damas.

Ces volontaires, dont beaucoup étaient arrivés à Londres en juillet 1940, ayant déjà fait leur préparation militaire supérieure, formèrent l’essentiel des officiers subalternes des unités de la France libre.

La formation des élèves officiers se fit dans la plus grande précarité. Leur instruction était menée sur le matériel laissé en Angleterre par les troupes du corps expéditionnaire en Norvège et celui que les Forces françaises libres trouvèrent à leur arrivée en Afrique.

On les retrouva sur les différents théâtres d’opérations des Français Libres et dans les différentes unités : sous les ordres du général de Larminat, avec les généraux Kœnig et Cazaud, dans les 1ère et 2e brigades françaises libres, en Cyrénaïque en 1942, dans les batailles de Bir Hakeim, El Alamein et El Himeimat, en Tunisie en 1943 à Takrouna ; dans la colonne Leclerc lors des campagnes du Fezzan, en 1942-1943, puis en Tripolitaine et en Tunisie en 1943 ; avec le général Brosset et la 1ère division française libre, dans la campagne d’Italie, puis dans la campagne de France et la bataille des Alpes ; avec le général Leclerc et la 2e DB, à Alençon, Paris, Strasbourg, Berchtesgaden ; avec les SAS et les Commandos.

400 élèves officiers furent admis dans les écoles ou les pelotons des forces françaises libres. 63 ont été faits Compagnons de la Libération. L’historique de l’armée de terre des forces françaises libres serait incomplet sans l’histoire de ces écoles.

L’Angleterre – Camberley
Août 1940 – printemps 1941

1_3_2_5_a_image_1Peloton d’élèves officiers d’infanterie de Camberley

L’infanterie fournit 32 élèves officiers (dont 12 CL*). Sous les ordres du capitaine Huchet, elle avait quatre instructeurs, Dureau, Garot, Stahl, (tous trois CL), et Rossignol.

1_3_2_5_a_image_2Le peloton d’artillerie, sous la direction du commandant de Conchard, avait 3 officiers instructeurs, le lieutenant Molina, CL, et les sous-lieutenants Jeannot et Juif. Il était divisé en brigades A et B, chacune de 18 élèves, soit un total de 36 élèves (3 CL). Ils partirent pour l’Afrique fin mai 1941 et se partagèrent entre l’artillerie de Leclerc au Tchad et celle de la 1ère DFL au Proche-Orient.

Le peloton de chars avait pour instructeurs les lieutenants Rendu (CL à titre posthume), Grosnier et Ratard, ainsi que les sous-lieutenants Dupont et Eberhardt. Il forma 17 élèves officiers, dont Louis Michard, CL, et Geoffroy de la Bourdonnaye, l’un et l’autre morts pour la France en Alsace.

Afrique

Ecole Spéciale Militaire de Brazzaville, devenue camp Colonna d’Ornano, décembre 1940 – décembre 1941

“Dans les vastes étendues de l’Afrique, la France pouvait en effet se faire une armée et une souveraineté…” Charles de Gaulle, Mémoires de guerre.

Cours des élèves officiers de Brazzaville

Le ralliement des territoires de l’Afrique française équatoriale permettait de lever des troupes que les jeunes volontaires pourraient encadrer. Dès son arrivée à Brazzaville, fin octobre 1940, le général de Gaulle décidait d’y ouvrir une école d’élèves officiers.

Cette école fut créée de toutes pièces. Six grands baraquements en bois, aux toits en tôle ondulée, abritaient les dortoirs, équipés de lits avec une toile tendue sur des cadres de bois et une moustiquaire, les salles de cours, les réfectoires, pourvus de planches sur des tréteaux et de fûts d’essence coupés en deux, qui faisaient fonction, les uns de tables, les autres de marmites de cuisine, et, après quelque mois, un “foyer”. Après le raid de Mourzouk, le camp prit le nom du lieutenant-colonel Colonna d’Ornano, méhariste célèbre tombé en janvier 1941, au cours de l’opération. Au fronton de la salle de réunion s’inscrivait la devise de l’école choisie par les élèves officiers : “Action, sacrifice, espérance”, trois mots tirés de l’appel lancé le 18 juin 1940 par le général de Gaulle.

Anciens étudiants ou élèves des classes préparatoires aux grandes écoles, la plupart des élèves officiers étaient équipés de tenues coloniales britanniques touchées en Angleterre. On comptait aussi quelques sous-officiers provenant des troupes coloniales, ainsi que des administrateurs et des colons engagés volontaires.

1_3_2_5_a_image_3Le cours comprenait des exercices en plein air le matin, de 5h 30 à 11 heures, avec des marches, contre-marches, patrouilles, et des travaux théoriques dans les baraquements l’après-midi.

Parmi les instructeurs, citons les lieutenants Hervouët, Piozin (CL), Denise et Sylvoz. Le cours comprenait 6 sections d’inégale importance, se succédant tous les deux mois, pour un total de 241 élèves (dont 24 CL) durant l’année 1941 affectés au fur et à mesure des promotions soit au Moyen Orient, soit au Tchad, et ceci principalement dans les bataillons de marche qui avaient été constitués en Afrique équatoriale française libre.

Le Moyen Orient

Premier peloton d’élèves officiers de Damas (septembre – octobre 1941)
Confié au capitaine Magny, il ne dura que deux mois et fournit une cinquantaine d’aspirants, pour un tiers d’anciens sous-officiers et pour deux tiers d’anciens étudiants déjà aguerris au combat en Erythrée et en Libye.

Le peloton de chars et des Spahis a formé 9 élèves (dont 3 CL), la Légion et l’infanterie coloniale 30 élèves (dont 5 CL).

Peloton d’artillerie de Damas

A la même époque, 5 artilleurs du 1er RA furent promus aspirants (3 CL).

Second peloton d’élèves officiers d’infanterie de Damas (décembre 1941 – mai 1942)

En date du 20 mai 1942, ordre 5034/1
Le commandant en chef des Forces Françaises Libres au Levant nomme 26 aspirants à compter du 26 mai 1942 “Promotion d’Estienne d’Orves”.

Pour le général d’Armée Catroux
Le général Humblot

Ce peloton avait été confié au capitaine Ben Ayoun. Il s’agissait de former des officiers pour les armes d’appui et les troupes autochtones qui participaient à la surveillance des frontières sensibles, mais aussi consacrer les meneurs d’hommes qui s’étaient révélés, notamment chez les parachutistes (4 élèves furent CL).

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Le sous-lieutenant Favreau, décoré de la croix de la Libération.

Après la victoire en Tunisie, quand les deux divisions françaises libres, la 1ère DFL et la 2e DFL (qui va devenir la 2e DB) étaient stationnées aux environs de Tripoli, à Sabratha, un peloton fut mis en place en juin 1943 et se termina à Temara, au Maroc, en novembre 1943.

Les élèves officiers – des sous-officiers, brigadiers et caporaux de la Colonne Volante – furent nommés aspirants. Certains avaient été à Brazzaville, au camp Colonna d’Ornano, mais, dirigés sur la Syrie en renfort, n’avaient pas pu terminer le cycle de formation, donc avaient été privés d’examens.

Ce dernier peloton était dirigé par les lieutenants Oddo, CL, et Kochanowsky.

Tous ces aspirants, comme devait l’écrire Benjamin Favreau, ancien du camp Colonna d’Ornano, CL, dans les Révoltés de l’honneur, « formeront le noyau homogène et dur des troupes gaullistes. C’est pour une bonne part à leur ardeur combative et à leur irréductible détermination que la 1ère DFL et la 2e DB devront leur succès. »

*CL = compagnons de la Libération.