Un sauvetage : le cas de Stéphane Hessel à Rottleberode

Un sauvetage : le cas de Stéphane Hessel à Rottleberode

Un sauvetage : le cas de Stéphane Hessel à Rottleberode

En décembre [1944], mon corps donne pour la première fois des signes de faiblesse. Je me traîne. Alerte. Je suis pris en sympathie par les deux Prominenten de ce petit camp, le Kapo Walter et le Schreiber Ulbricht. Ils me font porter pâle et travailler auprès d’eux. Je profite des privilèges que ces déportés expérimentés ont acquis pour eux et pour leurs protégés : meilleure nourriture, un peu plus de place dans les châlits. Je dois ces faveurs à ma pratique de la langue allemande. […] Grâce à eux, je m’initie au fonctionnement administratif du camp. Ces tâches gestionnaires, d’ailleurs complexes, les SS les ont confiées aux détenus. Le climat humain dépend de la façon dont ces « détenus de fonction », ces Prominenten s’acquittent de leur travail. Choisis parmi les politiques, ils ont à cœur d’éviter les conflits. Choisis parmi les criminels, ils aiment exercer leur sadisme, qui n’est pas moins cruel parfois que celui des SS.
Walter et Ulbricht sont des politiques.
Document
Stéphane Hessel, Danse avec le siècle, Le Seuil, 1997 – Points (poche), 2011, p. 117-118.