Cinq garçons en canoë

Cinq garçons en canoë

Pierre et Jean-Paul Lavoix, Reynold Lefebvre, Guy et Christian Richard avec sir Winston et lady Churchill à Downing Street, le 22 septembre 1941.
Coll. Fondation de la France Libre

Jeunes Douaisiens réfugiés à Fort Mahon (Somme) près de Boulogne-sur-Mer, Jean-Paul (né en 1924) et Pierre Lavoix (1922-1981) refusent la défaite. Animés par “la haine des boches”, élevés dans le culte de leur grand-père et de leur père, combattants en 1870 et en 1914, motivés par l’appel du général de Gaulle et l’écho des premiers combats des FFL, ils décident de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Ils sont accompagnés de trois amis : Christian (né en 1924) et Guy Richard (né en 1926), du Vézinet, et Reynold Lefebvre (1925-1945), de Saint-Denis. Ils prévoient une traversée en canoë d’une durée d’environ dix heures.

 Le soir du 16 septembre 1941, après le passage de la patrouille allemande, ils mettent à l’eau deux canoës en bois équipés de provisions et de voiles et rejoignent le large. Ballottés par la mer, obligés d’écoper l’eau avec une casserole, ils échappent, dans le creux d’une vague, à une vedette allemande. Hissant les voiles, longeant la côte vers le Nord jusqu’au cap Gris-Nez, ils traversent ainsi la Manche.

Le lendemain vers midi, ils renoncent à leur voile et pagaient jusqu’à la côte anglaise proche qu’ils aperçoivent. Mais un vent contraire et une mer déchaînée les obligent à lutter durant des heures. Un Spitfire les aperçoit dans la soirée du 17 septembre et une vedette maritime tente de les secourir sans succès.

Plus tard dans la nuit, épuisés, ils abordent une terre et s’endorment au pied de falaises. À leur réveil, les garçons aperçoivent un port tout proche ; il y sont accueillis chaleureusement. Après avoir été interrogés par l’Intelligence Service, ils sont reçus par le général de Gaulle, puis par Winston Churchill à Downing Street.

Pierre Lavoix s’engage dans les Forces navales françaises libres. Les quatre autres intègrent l’école des Cadets de la France Libre.

 Promu sous-lieutenant et affecté à la 1re division française libre (1re DFL), Reynold Lefebvre meurt, à 20 ans, dans un bombardement près d’Obernai (Bas-Rhin) le 17 janvier 1945.

Pour aller plus loin :

Jean-Paul Lavoix, “La Véritable histoire de cinq garçons du Nord qui traversèrent la Manche en canoë pour rejoindre les Forces françaises libres, en 1941 contée par eux-mêmes”, La Mémoire des Français libres, tome II, Fondation de la France Libre, 2002, p. 638-640.

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> Ève Curie : une intellectuelle refusant la défaite