La défaite vécue par une institutrice retraitée

La défaite vécue par une institutrice retraitée

L’auteur

Berthe Auroy est née en 1880 à Bourges. à partir de 1900, après avoir obtenu un diplôme d’institutrice, elle enseigne en province puis en région parisienne. Retraitée en 1940, elle se replie dans la région de Chartres dés le début des hostilités.
Elle décède le 20 juillet 1968 à Paris.

Le contexte

Ayant quitté Chartres, le 12 juin 1940, elle arrive à Moulins (Allier) le 14; Elle y demeure quelque temps avant de regagner Paris. Elle fait donc partie de ce flot ininterrompu de réfugiés fuyant l’avancée des troupes allemandes.

Le document

C’est durant l’exode, le 10 juin 1940, que Berthe Auroy commence la rédaction de son journal. Elle la poursuit durant toute la durée de la guerre dans des cahiers d’écoliers ou sur des morceaux de papier qu’elle cache par prudence. Elle y ajoute des tracts et des articles de presse.

Extraits
Berthe Auroy, Jours de guerre, Ma vie sous l’Occupation, Bayard, 2008.

«Moulins occupé, mercredi 19 juin.

Un flot ininterrompu de tanks, de chars, de canons, de camions, de motocyclettes défilent avec un bruit d’enfer et à une vitesse prodigieuse. Un grand nombre de chars sont recouverts d’oriflammes rouges à croix gammée. Les soldats qui les montent se redressent fièrement, bras croisés en farouches vainqueurs. D’autres, magnanimes, jettent en souriant des paquets de chocolat (des chocolats pillés dans nos boutiques) aux gamins stupéfaits. La foule chuchote, chote, mais tout bas, car devant cette force déchaînée qui s’étale dans la rue, on éprouve déjà la contrainte du vaincu. Et, sans interruption, ce torrent de fer s’écoule. Combien d’heures encore durera ce défilé triomphal? Je viens de prendre conscience de la défaite de notre pauvre pays. Je me sens comme écrasée par tous ces chars de combat.
»

Pour mieux connaître Berthe Auroy

Le journal de Berthe Auroy est accompagné d’une présentation et de notes par les historiennes Anne-Marie Pathé et Dominique Veillon.
Un compte rendu a été publié dans le n° 56 de mars 2009 de la Lettre de la Fondation de la Résistance.