D’Estienne d’Orves et les officiers français d’Alexandrie

D’Estienne d’Orves et les officiers français d’Alexandrie

estienne_d_orves_honoreUn groupe d’officiers de marine basé à Alexandrie, en Égypte, emmené par Honoré d’Estienne d’Orves (né en 1901), officier d’ordonnance à bord du Duquesne, refuse l’armistice, annoncé à la radio le 17 juin. Parmi eux se trouvent Roger Barberot (né en 1915) et André Patou (né en 1910), qui servent à bord du Tourville, et Michel-Claude Burin des Roziers (né en 1910). Après des discussions, un premier groupe comprenant d’Estienne d’Orves, Patou et Burin des Roziers descend à terre le 9 juillet. Il rejoint Le Caire et prend contact avec des officiers français ralliés à la France Libre. Dans une lettre adressée à l’amiral Godfroy, d’Estienne d’Orves explique : «J‘ai été élevé dans le culte de la Patrie […] je ne puis concevoir l’asservissement actuel de la France». Il est suivi par un second groupe le lendemain.
Parmi ces derniers, Barberot, mis aux arrêts de rigueur dans sa cabine pour avoir affiché une proclamation appelant les marins à la lutte, tente une première fois de rejoindre le port d’Alexandrie à la nage le soir du 9, avant d’être repris et ramené à bord du Tourville.
estienne_d_orves_executionLe lendemain, alors qu’il doit être conduit à bord de la Providence, afin d’être ramené en France, il réussit à sauter du bateau, malgré ses poursuivants, et parvient à monter à bord du croiseur britannique Ramillies.
Après leur évasion, les officiers se dispersent. Affecté d’abord au 1er bataillon d’infanterie de marine, Barberot rejoint la 13e DBLE en Érythrée avant de prendre le commandement de l’escadron blindé du 1er régiment de fusiliers marins en 1943. De son côté, d’Estienne d’Orves part avec un groupe d’officiers pour Londres où, nommé chef du 2e bureau de l’état-major des FNFL, il convainc de Gaulle de monter un réseau de renseignement en France. Débarqué à Plogoff en décembre 1940 avec un radio télégraphiste, il constitue un réseau qui couvre bientôt toute la Bretagne. Trahi par le radio, le réseau est démantelé en janvier 1941. Jugé et condamné à mort, d’Estienne d’Orves est fusillé avec Maurice Barlier et Jan Doornik le 29 août au Mont Valérien.

Pour aller plus loin :

Daniel Rondeau, Roger Stéphane, Des hommes libres. La France Libre par ceux qui l’ont faite, Grasset, 1997, 458 p.
Roger Barberot, « Barberott: Joint swimming the Free French Forces » (précédé d’une présentation d’Edgard de Larminat), La Mémoire des Français libres, tome I, Fondation de la France Libre, 2002, p. 325-330.
Vie exemplaire du commandant d’Estienne d’Orves. Papiers, carnets et lettres, Plon, 1950, 333 p.
Etienne de Montéty, Honoré d’Estienne d’Orves, un héros français, Perrin, 2001, 337 p.

Piste de recherche

Une réflexion sur l’engagement

Mus le plus souvent par un réflexe patriotique, quelques milliers d’hommes et de femmes ont abandonné leur vie quotidienne et bravé tous les risques pour combattre l’ennemi. À partir des exemples recueillis, il est possible de mener une réflexion sur « l’engagement », ses motivations et son processus.

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