La Prière du parachutiste

La Prière du parachutiste

La Prière du parachutiste

zirnheldAndré Zirnheld (7 mars 1913, Paris – 27 juillet 1942, en Libye) est professeur de philosophie au collège de Sousse puis au lycée Carnot de Tunis. En octobre 1938, pendant son service militaire, il est détaché en qualité de militaire comme professeur au collège de la Mission laïque française de Tartous (Syrie).

En juin 1940, il passe en Palestine et s’engage dans les Forces françaises libres, au bataillon d’infanterie de marine. Avec la 1re compagnie, il participe aux combats contre les Italiens à Sidi Barrani. Passé en janvier 1941 au service d’information et de propagande de la délégation de la France au Caire, dirigé par Georges Gorse, il part ensuite suivre les cours de l’École d’élèves officiers de Brazzaville (mai-décembre 1941), dont il sort aspirant, et choisit de servir dans les parachutistes.

Affecté en mars 1942 au French Squadron du capitaine Bergé, qui fait partie de la Special Air Service Brigade du major Stirling, il participe à des raids contre les aérodromes ennemis en Cyrénaïque. Le matin du 27 juillet 1942, après l’une de ces missions, son véhicule, victime d’une crevaison, est attaqué par quatre Stukas allemands. Mortellement blessé, Zirnheld est enterré en plein désert.

En faisant l’inventaire de ses biens, ses camarades trouvent un carnet manuscrit contenant plusieurs poèmes, dont La Prière, écrit en avril 1938. Le général Valin, commandant des Forces aériennes françaises libres, en fait la lecture à la BBC le 13 janvier 1943. Il est devenu La Prière du parachutiste.

Le document

Je m’adresse à vous, mon Dieu
Car vous donnez
Ce qu’on ne peut obtenir que de soi.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,
Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais.

Je ne vous demande pas le repos
Ni la tranquillité,
Ni celle de l’âme, ni celle du corps.

Je ne vous demande pas la richesse,
Ni le succès, ni même la santé.

Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement,
Que vous ne devez plus en avoir.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste.
Donnez-moi, ce que l’on vous refuse.

Je veux l’insécurité et l’inquiétude,
Je veux la tourmente et la bagarre,
Et que vous me les donniez, mon Dieu,
Définitivement.

Que je sois sûr de les avoir toujours,
Car je n’aurai pas toujours le courage
De vous les demander.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste.
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas.

Mais donnez-moi aussi le courage
Et la force et la foi.

Car vous êtes seul à donner
Ce qu’on ne peut obtenir que de soi.