Le sabotage

Le sabotage

Le sabotage

C’est la participation, au travers du travail forcé, des déportés à l’effort de guerre allemand qui a rendu possible l’hypothèse d’un sabotage, inenvisageable quand ils travaillaient dans une carrière.
Citons l’action menée par Marcel Sailly au camp de Buchenwald, qui a fait l’objet d’un article de Pierre Julitte, « Échec aux V2 », paru dans la Revue de la France Libre en 1991.
Professeur de l’école professionnelle de Creil et membre de l’OCM, Marcel Sailly est arrêté et déporté vers l’Allemagne. Parti du camp de Compiègne par le convoi du 27 janvier 1944, il arrive au camp de Buchenwald, où il travaille pendant quelques semaines dans une carrière. Par la suite, cet ancien élève de l’Ecole supérieure d’électricité (Supélec) est affecté à l’usine Mibau, située aux environs du camp, qui assure la fabrication des gyroscopes, des moteurs programmés et des postes radio de télécommande qui doivent équiper les bombes volantes V2.
« Versé dans une équipe chargée du réglage de postes récepteurs radio » destinés au téléguidage des V2, il conçoit et met en œuvre « dès l’entrée en activité de cette équipe […] un moyen très subtil de rendre les postes inaptes à satisfaire à l’épreuve de contrôle finale à laquelle les soumettait un ingénieur civil allemand ». Ayant capté la confiance de ce dernier, il le convainc « de ce que la modification de quelques composants des postes radio éviterait que la moitié d’entre eux se révélassent inutilisables », ce qui provoque « le désordre de la production et la cessation presque totale de l’approvisionnement de Dora en matériel de guidage ». Par ce moyen, il réussit à « réduire de moitié la production utilisable ». Grâce à son action, seuls 132 V2 ont été livrés en juin 1944 et 86 en juillet, contre 417 en mai.
Marcel Sailly est ensuite transféré à Dora puis Bergen-Belsen, où il est libéré le 15 avril 1945.
Bibliographie
• Pierre Julitte, « Échec aux V2. Hommage à Marcel Sailly », Revue de la France libre, n° 275, 3e trimestre 1991.
Jean Simon, « Pierre Julitte, compagnon de la Libération », Revue de la France libre, n° 275, 3e trimestre 1991.