Rencontre des premiers déportés

Rencontre des premiers déportés

Rencontre des premiers déportés

Dans l’après-midi du 30 avril, nous avons eu la surprise de rencontrer des déportés qui erraient dans la campagne, le plus souvent par petits groupes de deux ou trois. Ces hommes, ces martyrs, nous ont frappé de stupeur et d’horreur : de la peau collée sur un squelette, le tout flottant dans une sorte de pyjama rayé. En les voyant marcher, on dirait les personnages d’une danse macabre. Nous savions qu’il existait en Allemagne des camps de concentration, mais personne ne pensait qu’ils atteignaient un tel degré de barbarie. Comment peut-on réduire des êtres humains à cet état ? Rapidement, la stupeur fait place à la colère, à la rage.
Parmi ces premiers déportés découverts en terre bavaroise, il n’y avait pas de Français. Presque tous étaient des Russes ou des Polonais. Nous avons trouvé un Allemand et un Belge.
Le Belge nous raconta qu’il travaillait dans un commando. Peu avant l’arrivée des troupes américaines, des S.S. les avaient entassés dans un baraquement à demi enterré et les avaient grillés au lance-flammes. Il avait eu la chance de se laisser glisser sans être remarqué dans des broussailles.

Document
Raymond Dronne, L’Hallali de Paris à Berchtesgaden (août 1944-1945), Paris, Éditions France-Empire, 1985, p. 235.