Solidarité britannique

Solidarité britannique

Solidarité britannique

Années de guerre 1939-1944
Les comités qui vinrent en aide aux Français Libres

La soirée amicale du 13 novembre et les cérémonies du 14, à Brookwood, ont contribué à raviver les souvenirs d’amitié qui nous lient au peuple britannique.
Et à ce sujet, nous croyons qu’il sied de jeter un regard sur un passé récent, et pourtant estompé déjà, qui a été le témoin de tant de preuves de la solidarité britannique à l’égard de la France.
1940 : année terrible de la défaite.
Cette défaite fut aussi douloureuse pour nous Français qu’elle fut bouleversante pour nos Alliés britanniques. Eux, comme nous, avaient toujours ancré dans l’esprit le redressement de la Marne en 1914, les noms de Joffre et de Foch, les sacrifices communs de 1914-1918 et l’admirable victoire de 1918.
La débâcle de mai-juin 1940 leur fut donc, comme à nous, difficile à comprendre.
La retraite de Dunkerque en fut un des sommets.
Ce fut à partir même de cette retraite, au cours de laquelle 110.000 de nos soldats furent sauvés grâce à la marine britannique, que la solidarité anglaise se manifesta.
Réception au débarquement, accueil et soins à nos soldats dans les hôpitaux, attentions touchantes à nos blessés et à nos convalescents par toutes les classes de la société, sont restés un témoignage inoublié par ceux qui en furent l’objet.
Puis vint l’Appel du 18-Juin et l’arrivée à Londres du général de Gaulle.
La France allait renaître.
La colonie française en Grande-Bretagne, abandonnée par ses chefs officiels, se groupait d’un seul élan en faisceau ardent et agissant autour du chef de la France Libre.
Et à partir de cette date de juin 1940, nos amis britanniques ayant, comme leur chef Sir Winston Churchill, retrouvé leur foi en la mission éternelle de la France, s’employèrent avec nous à créer, aider et faire vivre une floraison de comités divers qui rendirent à notre cause des services incomparables.
Parmi les comités, nous citerons les suivants :
I – L’Association des Français de Grande-Bretagne
Ses buts :
1. Ralliement des Français de Grande-Bretagne à l’Appel historique du 18-Juin 1940 ;
2. Soutien de la France Libre et Combattante ;
3. Organisation de manifestations d’intérêt national ;
4. Aide apportée aux réfugiés ;
5. Octroi de bourses d’entretien, pendant quatre ans, à 80 jeunes Français, afin de leur permettre de poursuivre leurs études au lycée français à Londres ;
6. Création de trois maternités en Normandie ;
7. Fondation de l’orphelinat de « Bois-Larris ».
À reçu la médaille de la Résistance.
– Centralisant tous les dons en faveur de nos volontaires.
– Siège social à Londres et filiale dans toutes les grandes villes anglaises.
– Se dévouant à la réception de nos volontaires et de leurs besoins courants par la création de foyers militaires, cantines, l’aménagement de leurs permissions dans les familles anglaises, l’obtention pour eux de marraines de guerre, l’équipement de notre corps auxiliaire féminin, etc.
III – The French in Great Britain Fund
S’occupant des réfugiés français et de nos volontaires, avec création de cercles de réception, clubs, cantines, maison de convalescence, etc.
IV – The Friends of the Fighting Forces et The Friends of the Free French Forces
– S’occupant de tous envois de paquets d’ordres divers à nos volontaires.
V – Le Comité d’assistance aux familles des soldats français
Buts :
– Aide à toutes les familles des soldats français mobilisés en Grande-Bretagne.
– Aide à toutes les familles de nos volontaires.
– Aide à nos prisonniers de guerre.
– Aide à tous les Français Libres qui, de par le monde, venaient rejoindre la France Libre.
Citons encore :
– Le corps des ambulances Hadfield-Spears.
– L’International Committee for War Refugees in Great Britain qui, entre autre, s’est occupée de notre École navale.
– The National Commitee of Young Men’s Christian Association (Y.M.C.A.) avec toutes ses filiales en Grande-Bretagne.
– The Naval Welfare, qui a rendu des services continus à tous nos marins.
– The United Nations Forces Club, pour soldats et marins des Nations unies.
– Toc H, avec ses 300 clubs dans le pays, ouverts à nos volontaires.
En province :
– The Anglo-French Society, à Birmingham.
– The Allied Sailors Club, à Portsmouth.
– The French War Charities Society, à Manchester.
– The Marsyside Council for Hospitality à Liverpool, et des comités similaires à Glasgow et à Edinburgh.
Nous ne voudrions pas oublier de mentionner les activités remarquables de la Croix-Rouge britannique, du Comité britannique de la Croix-Rouge française et de la délégation à Londres de la Croix-Rouge française.
Cette solidarité britannique s’est manifestée également dans des colonies et Dominions britanniques d’une façon saisissante.
Les comités de la France Libre d’Accra, Gold Coast, de l’Afrique du Sud à Johannesburg, de Bathurst en Gambie britannique, de Sydney et de Melbourne, des Petites Antilles, etc. ont constamment alimenté le trésor de la France Libre.
Ce qui précède n’est d’ailleurs qu’un résumé très incomplet des multiples organisations auxquelles la France Libre est redevable.
Ces organisations ont obtenu des centaines de millions consacrés à la cause française et à nos volontaires.
Ces dons émanaient de toutes les classes de la société, même des plus pauvres, accompagnés de lettres touchantes, attestant la profonde sympathie du peuple anglais envers nous.
L’uniforme du Français Libre partout en Grande-Bretagne, suffisait comme passeport, et assurait partout l’accueil fraternel d’un peuple qui, sans geste ou emphase, recevait les nôtres à table ouverte, en alliés et amis.
Les exploits de nos volontaires, le Tchad, Bir-Hakeim, les campagnes de Tunisie, de Sicile, d’Italie, du Rhin, d’Allemagne justifièrent largement cette amitié et ce dévouement.
Et cet exemple de solidarité affectueuse à une heure tragique notre histoire devrait assurer à tout jamais l’union intime et la marche en avant de nos deux peuples.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 64, janvier 1954.