Anne-Marie Parent-Renaud

Anne-Marie Parent-Renaud

Anne-Marie Parent-Renaud

Avec une profonde tristesse la section AFL de Cannes vient de perdre une très grande camarade et valeureuse patriote. Le 13 octobre, une bénédiction religieuse en la chapelle de l’Athanée de Cannes réunissait, autour de sa famille, tous ses compagnons et amis ainsi que de nombreux drapeaux d’associations d’anciens combattants.

Le général Geoffrey, président d’honneur des médaillés de la Résistance pour les Alpes-Maritimes, lui rendait hommage en évoquant brièvement mais chaleureusement le magnifique combat qu’elle avait entrepris dès l’aube de la Résistance.

Animée par des sentiments patriotiques hautement affirmés, elle ralliait, dès août 1941, le réseau Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy. En raison de ses compétences et de son engagement total, elle fut chargée de l’organisation et du recueil de tous les renseignements utiles aux Alliés concernant les activités et le potentiel de l’occupant nazi, et de les communiquer au BCRA à Londres. Faisant preuve de courage et d’efficacité, elle assuma cette responsabilité durant plus d’une année, épaulée dans cette tâche par son mari, Serge Renaud de Saint Georges, non moins ardemment engagé dans le même combat et qui avait la charge de la logistique du réseau pour la région d’Île-de-France.

Malheureusement, par suite d’indignes trahisons ou parfois par la torture, l’ennemi nazi parvint à pénétrer partiellement la branche parisienne du réseau. C’est ainsi que, dès le 1er août 1942, Serge était appréhendé, puis le 11 septembre suivant Anne-Marie était arrêtée à son tour ainsi que d’autres responsables.

Soumise à la torture, elle résista héroïquement, sans jamais livrer ni ses camarades ni les renseignements recherchés par ses bourreaux. Après plusieurs mois de détention dans les prisons de Fresnes et de Drancy, elle était alors déportée en août 1943 au camp de Ravensbrück, où elle subit encore avec courage les pires sévices : privations alimentaires et travaux forcés qui y constituaient le sort commun de toutes les résistantes déportées.

Libérée et prise en charge par la Croix-Rouge suédoise à l’issue d’une effroyable évacuation du camp, elle put enfin regagner la France en juillet 1945 après avoir vécu deux années abominables. Épuisée, dans un état de santé précaire, elle parvint néanmoins à se rétablir.

Désireuse de continuer à servir notre pays, elle s’y employa en Inde puis en Indochine, où son action lui valut d’être décorée de la médaille militaire.

Retraitée à Nice, elle s’investit dans les associations patriotiques et contribua notamment à la mise en place des structures du Concours national de la Résistance et de la Déportation, dont elle fut présidente de 1980 à 1986. Elle fut également présidente d’honneur de l’ADIR.

Anne-Marie s’était retirée à Cannes depuis une dizaine d’années, où elle continua au sein du comité local. Son engagement, son dévouement, sa disponibilité constante furent très appréciés par ses camarades Français Libres, résistants et déportés, toutes sensibilités confondues. Anne-Marie Parent-Renaud, outre la médaille militaire précitée, était titulaire de la Légion d’honneur, de la croix de guerre avec palme, de la médaille de la Résistance, ainsi que de plusieurs décorations françaises et étrangères.

Pour terminer cet hommage, Guy Morand, président départemental des médaillés de la Résistance, donnait lecture de la citation du général de Gaulle en date du 1er septembre 1945, rendant hommage à l’admirable action de notre amie Anne-Marie, qui fut une grande dame de la Résistance française.

Ses camarades de la section AFL de Cannes dont elle était membre du bureau présentent à sa famille, ainsi qu’à toutes les personnes atteintes par ce deuil, l’expression de leur sympathie et leurs plus sincères condoléances.


E. Emery

Extrait de la Revue de la France Libre, n° 300, 4e trimestre 1997.