Différents textes de l’appel

Différents textes de l’appel

Différents textes de l’appel

L’appel du 18 juin, c’est avant tout le discours prononcé par le général de Gaulle, le soir du 18 juin 1940, à la radio de Londres.
Mais c’est aussi, le discours du 22 juin 1940, en raison de son analyse visionnaire quant à la véritable nature de la guerre et au rôle que la France doit y jouer. De Gaulle y précise et y développe des arguments qui ne sont qu’esquissés dans l’appel du 18 juin.
C’est également l’affiche «À tous les Français», placardée sur les murs en Angleterre à partir du 3 août 1940, suite à la reconnaissance, le 28 juin, du général comme «chef des Français libres» par le gouvernement britannique. Cette affiche a largement contribué à la diffusion de l’appel durant la guerre.

L’affiche « à tous les Français »

a_tous_les_francaisCette affiche qui a été placardée sur les murs en Angleterre reprend les termes de «l’appel du 18 juin».

Il existe différents modèles de l’affiche:
– liseré tricolore encadrant l’affiche
– 2 drapeaux croisés
– Texte :
« A TOUS LES FRANÇAIS »
« La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre !
»
« Des gouvernants de rencontre… Luttons tous pour la sauver »
« VIVE LA FRANCE»
Signature manuscrite (en bas à droite : « Ch. De Gaulle »)
Plus bas, en caractère d’imprimerie : «GENERAL DE GAULLE».

Le premier tirage de l’affiche « à tous les Français » a été réalisé par un modeste imprimeur artisan, Achille-Olivier Fallek, 24, Seawell Road. Celui-ci se souvient avoir reçu le général de Gaulle un soir de juin 1940, « les deux coudes appuyés sur le marbre, il a relu son texte avec une extraordinaire attention. Il a demandé qu’on force un peu les caractères du titre. Il avait l’air si grave et en même temps si calme ».

appel_de_gaulleLe deuxième tirage a été réalisé par l’imprimeur J.Weiner Ldt-London WC1.

Tirée à 10 000 exemplaires, elle comporte exactement les mêmes caractéristiques typographiques que la première :
– le « d » de servitude est remplacé par un « p » renversé. Il est aussi déplacé en hauteur ;
– le «e» de péril ne comporte pas d’accent.

L’encadrement tricolore est de type anglais – bleu à l’extérieur, rouge à l’intérieur.

Le troisième tirage de l’affiche porte : « imprimé en Grande-Bretagne par Harrison & Sons LDT ». La traduction en anglais en bas à gauche figure sur les trois exemplaires.

Il a existé à partir de septembre 1944 jusqu’à nos jours de très nombreux tirages français de cette affiche. Les modèles anglais sont encadrés en bleu, blanc, rouge, les modèles français en rouge, banc, bleu. Les tirages français ne comportent pas la traduction anglaise en bas à gauche.

Le discours du 22 juin 1940

Le document

Le général de Gaulle prononce le 22 juin 1940 à la radio de Londres ce discours. Il est diffusé à 20h30, peu après la signature à Rethondes, en forêt de Compiègne, de la convention d’armistice franco-allemand. Contrairement à l’appel du 18 juin, il a été enregistré.

Lire

Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Les Voix de la liberté. Ici Londres, 1940-1944, tome I, La Documentation française, 1975.

Le discours du 22 juin 1940
Charles de Gaulle, Discours et messages, tome I : Pendant la guerre, 1940-1946, Plon, 1970

Le Gouvernement français, après avoir demandé l’armistice, connaît maintenant les conditions dictées par l’ennemi.

Il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de mer et de l’air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient livrées, que le territoire français serait occupé et que le Gouvernement français tomberait sous la dépendance de l’Allemagne et de l’Italie.

On peut donc dire que cet armistice serait, non seulement une capitulation, mais encore un asservissement.

Or, beaucoup de Français n’acceptent pas la capitulation ni la servitude, pour des raisons qui s’appellent l’honneur, le bons sens, l’intérêt supérieur de la Patrie.

Je dis l’honneur ! Car la France s’est engagée à ne déposer les armes que d’accord avec les Alliés. Tant que ses Alliés continuent la guerre, son gouvernement n’a pas le droit de se rendre à l’ennemi. Le Gouvernement polonais, le Gouvernement norvégien, le Gouvernement belge, le Gouvernement hollandais, le Gouvernement luxembourgeois, quoique chassés de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir.

Je dis le bon sens ! Car il est absurde de considérer la lutte comme perdue. Oui, nous avons subi une grande défaite. Un système militaire mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l’esprit d’abandon du Gouvernement pendant ces derniers combats, nous ont fait perdre la bataille de France. Mais il nous reste un vaste Empire, une flotte intacte, beaucoup d’or. Il nous reste des alliés, dont les ressources sont immenses et qui dominent les mers. Il nous reste les gigantesques possibilités de l’industrie américaine. Les mêmes conditions de la guerre qui nous ont fait battre par 5000 avions et 6000 chars peuvent donner, demain, la victoire par 20.000 chars et 20.000 avions.

Je dis l’intérêt supérieur de la Patrie! Car cette guerre n’est pas une guerre franco-allemande qu’une bataille puisse décider. Cette guerre est une guerre mondiale. Nul ne peut prévoir si les peuples qui sont neutres aujourd’hui le resteront demain, ni si les alliés de l’Allemagne resteront toujours ses alliés. Si les forces de la liberté triomphaient finalement de celles de la servitude, quel serait le destin d’une France qui se serait soumise à l’ennemi?

L’honneur, le bon sens, l’intérêt de la Patrie, commandent à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront.

Bulletin officiel des Forces Françaises Libres, n° 1, 15 août 1940. Ce bulletin, n’ayant eu qu’un numéro, est vite remplacé par le Journal officiel de la France Libre dont le n° 1 du 20 janvier 1941reproduit en première page l’affiche « À tous les Français » et le texte de l’appel du 18 juin.

Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible. Tout ce qui peut être réuni, en fait d’éléments militaires français et de capacités françaises de production d’armement, doit être organisé partout où il y en a.

Moi, général de Gaulle, j’entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale.

J’invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l’air, j’invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi.

J’invite les chefs et les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l’air, où qu’ils se trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi.

J’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et à me suivre.

Vive la France Libre dans l’honneur et dans l’indépendance!

Questionnaire

Les appels

1. Dans quel contexte chacun de ces documents a-t-il été écrit? à qui s’adresse-t-il?
2. En quoi ces documents constituent-ils une réponse au maréchal Pétain?
3. Quelles évolutions le contenu des différents documents traduit-il?

< La diffusion immédiate de l’Appel
> Les engagements dans la France Libre à la suite de l’Appel