La bataille des Vosges vue par un sous-officier néo-calédonien

La bataille des Vosges vue par un sous-officier néo-calédonien

9 octobre 44 : France (Ronchamp)

Je ne sais pas si c’est le nom du village qui veut ça, mais l’artillerie… des artilleurs d’en face est, s’il se peut encore, plus ronchonnante que d’habitude, fusants et percutants nous sont distribués avec une de ces largesses qui [sic], vu le prix de revient exorbitant de cette dangereuse marchandise, on pourrait se retirer des affaires rien qu’au bout d’une journée si cette quincaillerie nous était « offerte » un peu moins brutalement, et de préférence convertie en solides devises.

11 octobre 44 : France (Ronchamp)

Derrière notre barrage d’artillerie, on a réussi à avancer de quelques centaines de… mètres, pas des kms des mètres (voir système métrique), et on occupe maintenant Champagney, toujours sous un gros orage artificiel provoqué par les canonniers de la Wehrmacht.

14 octobre 44 : France

On a encore « un peu » avancé, et nous dominons à présent la situation du haut des Vosges, autrement dit nous sommes aux premières loges, pour voir sortir de sa coquille du tunnel un « escargot » de 155 ou plus, qui nous bave une giclée d’obus et rentre les cornes aussitôt après. Ce serait « poilant » tout plein si c’était ailleurs que sur nos très précieuses bobines que tout ça retomberait [sic] avec un boucan de quoi rendre définitivement sourd un rapiat un peu dur d’oreilles, auquel on demanderait une avance de solde de trois francs vingt-cinq.

Ouvrage

Roger Ludeau, Les carnets de route d’un combattant du bataillon du Pacifique, édité à compte d’auteur, 1946 (rééd. 2010).

Auteur

Né en Nouvelle-Calédonie en 1920, engagé au bataillon du Pacifique en 1940, ancien de Bir Hakeim, Roger Ludeau est caporal au bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique.