À la manière de François Coppée

À la manière de François Coppée

À la manière de François Coppée

Silhouette de Vichy

Le dénommé Cantin, instituteur primaire,
Qui vend péniblement des produits de grammaire
Est depuis l’armistice heureux et fier. Il a
Servi d’indicateur, étant fait pour cela,
Et venu ses amis, même le plus intime !
À Vichy, paraît-il, on l’honore, on l’estime :
Mais il a conservé son naturel craintif,
Et le soir, en buvant un pauvre apéritif,
Il songe à des prisons regorgeant de gaullistes
Dont il aurait dressé patiemment les listes…

Il se voit grand patron, plus tard dans un bureau
De Police. Il aurait son ami Barbaro
Sous ses ordres. Tous deux contre la République
Pondraient des règlements qui seraient sans réplique.
Le chantage pour eux n’aurait plus de secret ;
Au nom du Maréchal oignant leur intérêt,
Ils tiendraient à leurs pieds la fortune asservie…
Mais il doit pour l’instant gagner sa triste vie,
Dictant à des gamins le principe correct
Qui joint le participe au complément direct.

(Extrait de Nouvelles intimités.)