
Cinq hommes sur un bateau
Vers la France Libre

Le compas, trop secoué et d’ailleurs affecté par la proximité des bidons métalliques, ne donne aucune indication utile ; un deuxième compas, qui devrait être dans un des sacs de vivres, demeure introuvable: nous saurons quelques années plus tard, qu’il est resté dans le char à bancs.
Il y a plus grave: le ravitaillement en essence est très délicat avec ce vent et cette mer, et bientôt nous nous trouvons stoppés à un ou deux milles dans l’est du Paon, phare occupé par les Allemands, avec la crainte angoissante de dériver sur lui: le vent nous en écarte, mais nous ne sommes pas sûrs du courant. Ce qui est certain, c’est que nous sommes, tombés en travers et que nous embarquons pas mal d’eau : nous ne pouvons l’ignorer car le vent glacial de cette nuit d’hiver nous plaque sur la peau des vêtements déjà trempés.