Conférence du 23 mai 2023 : « Un drame méconnu : les militaires français portés disparus en Algérie »
A l’initiative de Monsieur Frédéric Augis (président de Tours Métropole, Maire de Joué-Lès-Tours) et de Monsieur Jean-Pierre Theme (vice-président national de l’UNC, président de la Fédération UNC d’Indre et Loire), le général (2S) Henry-Jean Fournier, président de SOLDIS-ALGERIE, a donné le mardi 23 mai 2023, à la Maison des Associations de Joué-Lès-Tours, une conférence sur le thème :
“Un drame méconnu : les militaires français portés disparus en Algérie”
Il est à noter la présence de Madame Degrieck, directrice de l’ONCVG37, de nombreuses autorités civiles et des responsables des différentes associations d’Anciens Combattant d’Indre et Loire.
Notre Section des Anciens Combattants et Sympathisants – Services de Renseignements du Groupement 67 de la fédération nationale André Maginot (GR67-SAS-SR) était représentée par Madame Elisabeth Caubel, membre de la Fondation de la France Libre et de l’IHEDN, et son président Yves Fournier, délégué de la Fondation de la France Libre et président du Comité37 de l’IHEDN.
L’association SOLDIS ALGERIE a été créée en 2014 et comporte 450 membres.
Elle reçoit de nombreux soutiens, dont :
- Secrétariat d’Etat aux Anciens Combattants
- UNC
- ACPG/CATM
- Fédération Nationale André Maginot
- ASAF
- Souvenir Français
Elle a pour objectifs :
- 1/ Etablir une liste nominative des disparus.
- 2/ Publier un mémorial.
- 3/ Elever un monument commémoratif spécifique.
Ces objectifs ont été atteints en 2022.
Le général Fournier a ensuite expliqué quelles avaient été les pistes de leurs recherches et la définition des points précis.
- Disparition : militaires ayant totalement disparu (vivants ou morts).
- Comment disparaît-on ?
- Action militaire (opération, embuscade, coup de main).
- Action terroriste ou de droit commun (enlèvement).
- Evènement accidentel (en opération, dans un crash aérien, par noyade).
- Suspicion de désertion (dès le non-retour de permission).
- 12000 déserteurs sur 1 500 000 soldats.
- Quelles suites sont données à une disparition ?
- Un télégramme envoyé à la famille.
- Des recherches.
- Après enquête : une confirmation à la famille.
- Le soldat n’appartient plus à son unité.
- Ces disparitions sont gérées comme des « dossiers administratifs » sans tenir compte des familles.
Puis c’est l’oubli total à la fin de la guerre après un jugement administratif de décès, la mention « mort pour la France » et diverses médailles selon les cas.
- Quel a pu être le destin de ces « disparus ».
- Libérés.
- Corps retrouvés.
- Décès avéré en captivité.
- Fusillés par le FLN.
Mais aussi :
- Blessés achevés.
- Prisonniers éliminés.
- Disparu (plus aucune nouvelle ni trace).
- Comment s’est effectuée la recherche ?
- Par l’exploitation de dizaines de milliers d’archives (Gendarmerie, ministère de la Défense, ONACVG, Armées, Légion…) représentant des kilomètres linéaires à exploiter, sans informatique souvent à déchiffrer. Sans oublier les documents incomplets, les homonomies.
Tout cela a donné 652 fiches individuelles les plus complètes possible réunies dans un livre d’or (Mémorial).
- Sur 1700 dossiers on peut compter 1100 cas de disparition.
- La recherche a été limitée aux soldats de l’armée régulière, les Harkis étant souvent des journaliers plus difficiles à tracer.
- On peut dénombrer 605 disparus et 47 accidents.
- Pourquoi ce silence et cet oubli ?
Les chiffres avancés étaient toujours très vagues (entre 500 et 1000 disparus…).
- Pour ne pas donner de publicité à ces disparitions, ne pas casser le moral des troupes, éviter des pressions du FLN sur les familles…
- Pas de liste des disparus après les accords d’Evian.
- Disparus, des prisonniers du FLN.
- Trop d’interlocuteurs, sans réelle compétence ni d’autorité morale, ni de volonté.
- Le FLN remet en cause les accords : plus de surveillance de la Croix Rouge mais du Croissant Rouge, selon eux il y a eu beaucoup de libérations pendant la guerre et le gouvernement français aurait camouflé ses morts en prisonniers.
- On peut imaginer une grande part de décès parmi les prisonniers.
- La Croix Rouge a recensé le 20 avril 1962 7 camps et 3485 prisonniers.
Le général Fournier a présenté le monument commémoratif inauguré le 30 août 2022 à Port Vendre, soulignant qu’il manquait la statue, les fonds n’étant pas encore réunis.
Après cette conférence, le président Yves Fournier s’est longuement entretenu avec le général Henry-Jean Fournier.
Ainsi s’est terminée cette brillante conférence qui a remporté le plus vif succès.
Rédigé par Elisabeth Caubel le 24 mai 2023.