Le “French Squadron” en Crète et en Libye (1942-1943)
Le “French Squadron” en action en Crète
Le premier raid des français fut confié au capitaine Bergé. Avec trois de ses hommes, le capitaine Lord Jollicoë et Petrakis, un Grec agent de l’IS, sa mission était d’attaquer dans la nuit du 12 au 13 juin 1942, l’aérodrome de Héraklion en Crète, Ile située au large de la Grèce.
Un sous-marin dépose le stick sur une plage à cinquante kilomètres de l’objectif. Protégés par la nuit, s’infiltrant sur le terrain, les cinq hommes se partagent les destructions. Ils sont déjà loin lorsque les explosions des bombes à retardement détruisent 22 avions de combat, et les dépôts de carburant et de munitions. Dans la traque qui suivra le jeune Léostic, qui n’avait pas 18 ans, sera tué en refusant de se rendre aux forces allemandes qui l’encerclaient. Bergé, Sibard, Mouhot sont pris, mais ce dernier après trois tentatives d’évasion avortées, réussira la 4ème et après un parcours extraordinaire, traversant seul l’Allemagne, la Hollande, la France, l’Espagne, arrivera à Gibraltar, parvenant, un an après sa capture, à Londres.
L’extraordinaire raid sur Sidi Hanneisch
Un mois plus tard le major David Stirling, lui-même, prend la tête d’un nouveau raid avec des moyens complètement différents car les Allemands, compte tenu des graves pertes subies, ont considérablement renforcé la protection de leurs avions au sol.
La surprise ne pouvant plus complètement jouer, il décide de lui ajouter la force. Pour cela il équipe des jeeps de plusieurs mitrailleuses. Avec un équipage de trois ou quatre hommes, chaque voiture a une puissance de feu redoutable. Le major Stirling se propose en passant par le sud saharien de traverser le désert en remontant vers la côte où sont situés les principaux aérodromes de l’ennemi, pour les attaquer en force, par surprise.
C’est ainsi que dans la nuit du 21 au 22 juillet 1942 le chef des SAS débouche, à une heure du matin, sur l’aérodrome de Sidi Hanneisch avec seize jeeps soit un armement de plus de cinquante mitrailleuses. Trois des jeeps font partie du “French SAS Squadron” sous le commandement du lieutenant Jordan, qui a pris la succesion de Bergé.
Infiltrées sur l’aérodrome, les jeeps remontent la piste, toutes les armes tirant des balles incendiaires et explosives. Elles détruisent un à un les avions de combat alignés sur la piste d’envol, laissant 35 avions en flammes quand elles quittent les lieux, pour s’évanouir dans la nuit. Lorsque le jour se lève elles sont loin mais des escadrilles d’avions d’observation sont déjà dans les airs à leur recherche. Presque toutes ont atteint une région montagneuse offrant des caches.
Deux voitures manquent à l’appel, dont celles d’André Zirnheld, qui a cassé un essieu. Elles sont dans le lit d’un oued desséché où elles essaient de se camoufler en attendant la nuit pour repartir. L’un des petits avions qui les recherchent, volant à basse altitude les repère en début d’après-midi. Une demi-heure plus tard des avions de chasse allemands les attaquent à la mitrailleuse. L’aspirant André Zirnheld est tué atteint de trois balles. L’ennemi parti, ses camarades, avant d’enterrer son corps en le recouvrant de pierres pour empêcher les chacals de le dévorer, découvre dans ses papiers ensanglantés une poignante prière qu’il avait écrite :
PRIERE
Je m’adresse à Vous, mon Dieu
Car Vous seul donnez
Ce qu’on ne peut obtenir que de soi.
Donnez-moi, mon Dieu ce qu’il Vous reste
Donnez-moi ce qu’on ne Vous demande jamais.
Je ne Vous demande pas le repos,
Ni la tranquillité,
Ni celle de l’âme, ni celle du corps.
Je ne Vous demande pas la richesse,
Ni le succès, ni peut-être même la santé.
Tout ça, mon Dieu, on Vous le demande tellement
Que Vous ne devez plus en avoir.
Donnez-moi, mon Dieu ce qu’il Vous reste,
Donnez-moi ce que l’on vous refuse.
Je veux l’insécurité et l’inquiétude,
Je veux la tourmente et la bagarre,
Et que vous me les donniez, mon Dieu,
Définitivement,
Que je sois sûr de les avoir toujours,
Car je n’aurai pas toujours le courage
De Vous les demander.
Donnez-moi, mon Dieu, ce qu’il Vous reste,
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas,
Mais donnez-moi aussi le courage
Et la force et la Foi !
Car Vous seul donnez
Ce qu’on ne peut obtenir que de soi.
Après l’offensive victorieuse de la 8e Armée à El-Alamein, le “French SAS Squadron” poursuivra ses missions à travers la Libye et jusqu’en Tunisie. Deux jeeps commandées par Martin et Legrant parties du Caire six semaines plus tôt, seront même les premières à faire la jonction avec les forces alliées venues d’Algérie. Les rescapés seront regroupés pour rentrer en Angleterre mais un autre “French SAS Squadron” commandé par le lieutenant de Sablet sera constitué pour poursuivre avec les Britanniques leurs missions en Italie où la guerre va être portée.
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