Crimes et criminels de guerre

Crimes et criminels de guerre

Crimes et criminels de guerre

Le contexte

Le texte paraît un mois après le premier procès public de criminels de guerre nazis, qui s’est tenu à Kharkov du 15 au 19 décembre 1943.

Durant la Seconde Guerre mondiale, la guerre à l’Est ne correspond pas à une guerre conventionnelle, comme cela a pu être le cas à l’Ouest. Il s’agit d’une guerre à mort entre deux idéologies – le nazisme et le communisme – et, dans l’optique nazie, entre deux races – Germains et Slaves. L’objectif des nazis est d’anéantir les forces vives des Soviétiques et de réorganiser l’Europe orientale à leur profit, avec un remaniement racial (élimination de tous les juifs et tziganes et d’une partie de la population russe, déportation de millions de Russes et de Polonais en Sibérie occidentale, installation à leur place de millions de colons allemands).

Sans attendre l’aboutissement des pourparlers pour la fondation d’une commission des Nations unies, les Soviétiques créent, le 2 novembre 1942, la « Commission extraordinaire d’État chargée de l’instruction et de l’établissement des crimes des envahisseurs germano-fascistes et de leurs complices » (en abrégé, « ChGK » ou « TchéGuéKa »). Dotée de larges prérogatives, elle ordonne et mène les enquêtes sur les crimes commis, et a pour tâche de chiffrer les préjudices subis.

Suite à l’oukase du 19 avril 1943 « sur les mesures pour châtier les scélérats germano-fascistes, coupables d’assassinat et de tortures envers la population civile soviétique et les soldats de l’Armée rouge prisonniers de guerre, les espions et les traîtres à la Patrie », plusieurs procès publics sont organisés, avec une grande médiatisation, dans l’objectif de forcer la main aux Anglo-américains, qui souhaitent attendre la fin de la guerre pour engager des poursuites judiciaires :

– le procès de Krasnodar (14-17 juillet 1943), dans le Kouban, contre neuf personnes qui avaient collaboré avec le Sonderkommando 10A, rattaché à l’Einsatzgruppe D, qui opérait aux arrières de la 11e armée allemande, en Bessarabie, dans le sud de l’Ukraine, en Crimée et dans le Caucase).

– le procès de Kharkov (15-19 décembre 1943), en Ukraine, contre un capitaine du contre-espionnage militaire en poste dans un camp d’internement, un lieutenant des SS membre de la police de sécurité du Reich et un collaborateur russe. Lors de ce dernier procès, Hans Kietz, commandant de la Gestapo de Kharkov, est condamné à mort avec les autres co-accusés et pendu.

– le procès de Lublin (27 novembre-2 décembre 1944), en Pologne, contre six gardiens SS et kapos du camp de concentration de Majdanek.

Le document

« Crimes et criminels de guerre » est un article paru dans le n° 19 d’En route, publication du service de propagande des Forces françaises libres en Moyen-Orient, à Beyrouth, le 15 janvier 1944, sous la signature de Maurice Renard, rédacteur de la revue.

L’auteur situe la question de la punition des criminels de guerre nazie dans l’histoire plus longue du crime de guerre depuis la convention de La Haye en 1907. Il montre que les crimes commis côté allemand durant la Première Guerre mondiale sont demeurés impunis, en dépit de ce qui était prévu dans les traités de paix, et s’interroge sur la volonté réelle et la capacité des Anglo-américains à aller au-delà des mots.

Crimes et criminels de guerre

Coll. Fondation de la France Libre

 

< Page d’accueil
< Dénoncer et punir les crimes