La découverte du camp de Dachau par des hommes de la 2e DB

La découverte du camp de Dachau par des hommes de la 2e DB

La découverte du camp de Dachau par des hommes de la 2e DB

D’autres, comme Massu ou Langlade, ont vu leur enthousiasme tempéré par une vision d’horreur. Traversant la Bavière à marches forcées, passant près de Munich, leurs pas les ont conduits à Dachau. Spectacle effroyable. Ils garderont encore longtemps l’image de ces cadavres, par milliers, empilés sur les places, pauvres victimes sacrifiées pour on ne sait quelle folie. – C’était tellement épouvantable, tellement révoltant, que les Américains eux-mêmes, d’ordinaire impavides et paisibles face à ce qu’ils appellent les « querelles d’Européens », en découvrant le gigantesque charnier, ont désarmé les gardes qu’ils ont cloués aux baraques avec leur propre baïonnette, raconte le capitaine Fonde. Langlade et Massu ont vu. Ils ont écouté aussi. De cette foule au crâne rasé, aux os saillants sous la peau, anonyme sous une loque rayée, quelques mots sont parvenus jusqu’à eux. Quelques visages, entrevus, qui n’avaient plus rien d’humain. Des rencontres aussi, insolites, inattendues, effrayantes. Edmond Michelet, qui a réussi le tour de force de rester lui-même au milieu de la déshumanisation générale. Le père Riquet, méconnaissable sous la défroque de bagnard et que les deux officiers ont fait sortir, en fraude, malgré les consignes sanitaires imposées par les Américains. De retour parmi les leurs, Langlade et Massu racontent en dépit de l’impossibilité de leurs mots pour décrire l’indescriptible. – Nous ne pensions pas, nous ne pouvions imaginer qu’une telle chose fût possible, dit Langlade, bouleversé, hanté par ces images de l’enfer.

Document
Erwan Bergot, La 2e DB, Paris, Presses de la Cité, 1980, p. 270.