Déportations à l’Est

Déportations à l’Est

Déportations à l’Est

Le contexte

En 1941, la politique de persécution et de ségrégation raciale des nazis se radicalise avec la mise en œuvre de la « Solution finale ». Après l’invasion allemande de l’Union soviétique en juin 1941, les Einsatzgruppen – des escadrons composés de SS et de policiers allemands – sont chargés d’exterminer, à l’arrière des zones de combat, les personnes considérées comme des ennemis politiques ou raciaux (juifs, tziganes, fonctionnaires de l’État soviétique, dirigeants du parti communiste, handicapés physiques ou mentaux).
Le 20 janvier 1942 a lieu près de Berlin la conférence de Wannsee qui réunit des représentants des ministères allemands, du parti nazi et de la SS, afin de coordonner la déportation des juifs européens dans des centres de mise à mort, ou camps d’extermination, déjà en fonctionnement ou en cours de construction en Pologne occupée. Entre décembre 1941 et juillet 1942, cinq camps de mise à mort voient le jour : Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka 2 (Treblinka 1 étant un camp de travail forcé pour les juifs) et Auschwitz-Birkenau, également connu sous le nom d’Auschwitz II.

Le premier convoi de déportés juifs de France quitte le camp de Royallieu pour Auschwitz le 27 mars 1942 avec à son bord 1 112 personnes raflées en 1941. Quatre autres convois partent en juin et huit en juillet.

Le document

« Déportations à l’Est » est un article paru dans le n° 16 du journal clandestin Libération, organe depuis juillet 1941 du mouvement Libération-Sud, fondé par Emmanuel d’Astier, Jean Cavaillès, Georges Zerapha et Lucie Aubrac à l’automne 1940 ; il est paru le 1er août 1942, p. 3. Il s’agit ici d’une copie éditée à Londres par les services de la France Libre dans le n° 28 de la publication Les Documents, n° 28, 15 octobre 1942. Il est à noter que les pages 2 et 3 de cette édition sont distinctes de l’édition disponible en ligne sur Gallica.

Déportations à l'Est

Coll. Fondation de la France Libre

Le texte

Journal clandestin, Libération choisit de résumer le contenu d’un rapport interne à la SS, supposé faire un premier bilan des déportations de juifs, afin de dénoncer l’extrême mortalité des « réserves » censées les recevoir en Pologne. Derrière le cas des juifs, c’est le sort de l’ensemble des déportés – ceux de « répression » comme ceux de « persécution » (juifs, tziganes…) – qui inquiète ici les auteurs de l’article, les Allemands voulant « briser la volonté de résistance des “peuples égarés” » et leur apprendre « grâce à la “discipline du travail” », « à respecter le “peuple maître” ».

Le rapport cité dans cet article témoigne des efforts réalisés par les nazis pour présenter les déportations vers les camps de mise à mort comme une « réinstallation à l’est », dans des camps de travail, de la population juive européenne. Non sans perfidie, les « réserves » censées accueillir les juifs déportés sont comparées aux colonies pénitentiaires d’Australie, ce qui laisse entendre, d’une part, que les nazis ne sont pas pires que leurs ennemis britanniques, d’autre part, que les juifs ne valent pas mieux que les criminels condamnés par les tribunaux britanniques à la déportation.

 

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