
L’évasion du Dalc’h Mad
Préparatifs

Et sa bonne bouille que l’on devine dans le noir !
«Tais-toi, Pierrot, idiot ! Tu vas finir par nous faire pincer avec tes bêtises ! Cette coque résonne, tu le sais, tant qu’elle ne flotte pas, comme un tambour ! Allez, dormez ! Demain il y aura du travail et de l’émotion ! »

Elle ressemble à toutes les autres qui l’entourent, tranquilles, attendant que monte la mer.
Le départ
Dans le fond du bateau, chacun retient son souffle ; les cœurs battent. De la porte de la chambre où je suis, je vois Lili jusqu’à mi-corps. Il tient sous son bras droit la barre, il se frotte nerveusement les mains. Sur le pont, Pierrot et René, coiffés d’une casquette à visière, travaillent. Pierrot, depuis le départ, est aux prises avec le câble qu’il fait semblant de lover…
La navigation
Maintenant, le phare et la bouée d’Armen sont loin derrière nous. Nous continuons à « faire de l’Ouest », estimant sage de mettre 30 bons milles entre nous et la côte. Nous avons filé le loch pour évaluer périodiquement la distance parcourue.
Il s’agit maintenant de passer cette toile par-dessus l’étrave, de la glisser sous la coque et de la tirer en arrière au moyen des « brins » qui la retiennent. L’opération est difficile : elle se fait dans le chaos de cette mer folle, dans le vent rauque.
L’arrivée

Qu’ils sont peu curieux ces Anglais ! Pourtant, notre grand drapeau flotte fièrement comme un appel, en tête de mât ; casquettes et mouchoirs s’agitent nous hurlons ensemble toutes nos facéties bretonnes « Deus aman ta paotr », ils ne viennent pas vers nous, semblent ne pas nous voir !
Épilogue
(1) P’tit Jean qui devait être en effet officier de la R.A.F. est pour Pierrot une manière de souffre douleur.
(2) Papier officiel qui porte le nom et l’identité de chacun des membres de l’équipage, réclamé à chaque sortie par les Allemands et vérifié à chaque rentrée.
(3) Nom plaisamment donné aux Brestois qui ont manières et accent de leur bonne ville.
(4) Gordon y reviendra, après la guerre, pour épouser la fille de ses hôtes, Mlle Jouanjean.
(5) Pierre devait trouver la mort dans le bombardement de la presqu’île de Crozon.
(6) Jos ralliera l’Angleterre quatre mois plus tard, avec son frère André, son père, tout l’équipage et de nombreux passagers.
(7) Ne le regarde pas !
(8) La G.A.S.T. est la douane allemande.
(9) Le bon mouillage.
(10) Ça va bien, grand-père ?
(11) C. Colin, U. Trellu, frère de Xavier, seront arrêtés puis relâchés. Les Marec seront inquiétés.
(12) Vedettes spécialement conçues pour le sauvetage des aviateurs tombés en mer.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 89, juin 1956.