Le groupe de bombardement Lorraine
En novembre 1940, le général de Larminat, haut commissaire de la France Libre pour l’Afrique équatoriale, crée au Tchad le “Groupe réserve de bombardement n°1”, placé sous les ordres du capitaine Jean Astier de Villatte. Une partie de cette nouvelle unité avait aidé au ralliement du Gabon, quelques jours plus tôt ; le GRB1 sera bientot chargé d’appuyer les forces du colonel Leclerc, notamment lors de la prise de Koufra (fin février-début mars 1941). Puis Astier de Villatte et ses hommes opèreront en Abyssinie – ou ils effectueront 130 missions – et en Erythrée.
A l’automne 1941, désormais baptisé GRB1 “Lorraine”, équipé de Bristol Blenheim composé de deux escadrilles (“Metz”, basée à Rayak, et “Nancy”, basée à Damas), sous les ordres du commandant Edouard Corniglion-Molinier, il accomplira, à la fin de l’année, de nombreuses missions en appui de le VIIIe armée britannique. En décembre, le lieutenant-colonel Charles Pijeaud, venu d’Angleterre, en prend le commandement ; mortellement blessé lors de sa première mission, il est remplacé par le capitaine Pierre de Saint-Péreuse. En janvier 1942, le groupe Lorraine effectue 300 sorties dans des conditions difficiles (un tiers de l’effectif navigant est blessé ou disparu).
En octobre 1942 , il embarque à Suez pour l’Angleterre pour être reformé à la base de West Raynham en avril 1943. Il devient alors le 342e Squadron de la RAF, d’abord sous les ordres du commandant Henri de Rancourt, puis, à partir de décembre 1943, du commandant Michel Fourquet. Désormais équipé de Douglas Boston III, il est engagé dans des missions de bombardement de jour et de nuit, à moyenne ou très basse altitude, sur la France et sur la Hollande. Il se distingue particulièrement dans le bombardement et la destruction de centrales électriques (telle celle de Chevilly-Larue, près de Paris, neutralisée le 3 octobre 1943), de gares de triage, de terrains d’aviation et de sites de V1.
Au printemps 1944, il se spécialise dans le vol de nuit. Lors du débarquement de Normandie, il sera chargé de déposer, aux premières heures du 6 juin, un écran de fumée (opération Screen Smoke) destiné à protéger la flotte alliée des bombardements allemands. C’est une réussite totale. Le 17 octobre suivant, le groupe Lorraine rejoint sa nouvelle base de Vitry-en-Artois, ou il passe sous les ordres du commandant Jacques Soufflet. Il participera ensuite à toutes les opérations marquant l’avance des troupes alliées vers l’Allemagne ; basé en Hollande et réequipé de bombardiers américains Mitchell, il effectuera sa dernière mission de guerre le 2 mai 1945. Le 28 mai, il recevra la croix de la Libération.