La répression de la Résistance dans la campagne de France

La répression de la Résistance dans la campagne de France

La répression de la Résistance dans la campagne de France

Le 6 juin 1944, les forces alliées débarquent sur les plages de Normandie. Afin d’affaiblir les capacités de réaction de la Wehrmacht, les Forces françaises de l’intérieur (FFI) et les francs-tireurs et partisans (FTP), dirigés par le parti communiste, mènent des opérations de sabotage et de harcèlement.

Or, d’après l’ordre Sperrle du 3 février 1944, du nom du maréchal de la Luftwaffe Hugo Sperrle (1885-1953), adjoint du maréchal von Rundstedt, “si les troupes [allemandes] sont attaquées », il est prévu « un recours immédiat au feu”, sans souci des civils ; “les alentours de ce type d’incident doivent être immédiatement cernés et tous les civils dans la localité, quelles que soient les personnes, sont à mettre en garde à vue” ; enfin, “les maisons d’où des coups ont été tirés doivent être incendiées”. Ces dispositions, et le vocabulaire employé, qui assimile les résistants à des criminels, encouragent les exactions des soldats à l’encontre des civils.

Le document

Paru en anglais à partir du 1er avril 1942, Free France est “un bulletin bimensuel publié par le service de presse et d’information français libre” (“a fortnightly bulletin published by the Free French press and information service”), à New York.

Après la libération du territoire, Free France consacre plusieurs articles aux massacres perpétrés par les Allemands durant l’été 1944. Dans le numéro du 1er novembre 1944 (volume 6, numéro 9), deux articles évoquent le massacre de 120 habitants de la ville de Tulle, le 9 juin 1944, par les hommes de la division SS Das Reich. Les Allemands décident de pendre 120 hommes ; 99 le sont effectivement. Les jours suivants, 149 sont déportés à Dachau, où 101 trouvent la mort.

Coll. Fondation de la France Libre

Le numéro du 15 février 1945 (volume 7, numéro 4) annonce la condamnation à mort, par un tribunal civil allemand, de cinq résistants “de gaullistes”, en représailles aux poursuites engagées contre les collaborationnistes en France. Un deuxième article évoque le massacre de Dortan (orthographié “Dartan”), dans l’Ain (et non le Jura), survenu non le 1er juillet, mais les 12-13 et 20-22 juillet. Le 12 juillet, six hommes, dont l’abbé Dubettier, curé du bourg, et une femme sont fusillés par des éléments du 5e régiment des cosaques des légions de l’Est de la Wehrmacht, engagé dans la lutte contre les maquis de l’Ain et du Haut-Jura. Le lendemain, trois habitants d’Oyonnax sont également exécutés, dont un adolescent, et des femmes sont violées. Les 20 et 21 juillet, quinze hommes sont arrêtés et torturés dans le château de Dortan. Le 22, le village est incendié. Un troisième article annonce la découverte de deux charniers. Le premier est situé près de Saint-Prayel, dans la commune de Moyenmoutier (Vosges), où un parachutiste anglais et treize Français furent torturés et massacrés le 22 octobre 1944. Le second se trouve à Penguerec, dans la commune de Gouesnou, près de Brest ; le 7 août 1944, alors que les chars américains sont signalés à Plabennec, des éléments de la 3e brigade antiaérienne de la Kriegsmarine raflent quarante hommes et quatre femmes qu’ils fusillent, en représailles à une attaque de résistants, avant de mettre le feu aux corps.

Coll. Fondation de la France Libre

Le 15 mars (volume 7, numéro 6), le bulletin reproduit un reportage du journaliste Henri Danjou (1898-1954), paru initialement dans Combat le 24 décembre 1944, sur “Tulle, ville des pendus”.

Coll. Fondation de la France Libre

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