Colonel Marcel Mingant

Colonel Marcel Mingant

Colonel Marcel Mingant

Le colonel Marcel Mingant, Infanterie de Marine, président d’honneur de la Fédération des Réseaux de la Résistance en Indochine FFL-FFC, est décédé le 16 décembre 1986 à Paris, la veille même du jour où était inauguré, à Paris, le square des Combattants d’Indochine. La famille ayant exprimé le souhait que les obsèques se déroulent dans l’intimité, aucun faire part n’a été publié. Un service religieux, suivant le rite préconciliaire, a été célébré en présence de M.G. Fontes, secrétaire d’État aux Anciens Combattants, qu’entouraient des camarades de combat et des amis de Marcel Mingant, le 8 janvier 1987, en l’Église Saint-Nicolas du Chardonnet.
La vie du colonel Mingant, commandeur de la Légion d’honneur, croix de guerre 1939-1945, rosette de la Résistance, Medal of Freedom (USA) peut se résumer par les paroles de l’hymne de l’Infanterie de Marine. Dernier né d’une famille bretonne de pêcheurs en haute mer, Marcel Mingant, tout jeune encore, avait embarqué sur un morutier avant de souscrire à Brest un engagement dans l’infanterie coloniale. Il avait « le coeur d’un matelot et celui d’un soldat ».
Très rapidement, le jeune soldat Mingant devient sergent, puis il réussit le concours de Saint-Maixent et gagne sa première barette dorée. « La fantaisie des désignations coloniales » suivant l’expression de son vieil ami, le colonel Armand Guiol, le conduit en 1935 à l’état-major du général commandant supérieur des Troupes de l’Indochine où, jeune capitaine, il assure la direction des Renseignements Intérieurs (sécurité militaire), Guiol de son côté assurant la direction des renseignements extérieurs. Là se créent entre les deux jeunes officiers, devait écrire Guiol, des « liens d’amitié que ni le temps, ni l’éloignement, ni l’éternité ne pourront dénouer ». De retour en France en 1938, il est rapidement désigné pour assurer la direction adjointe du secteur I du Service de renseignement intercolonial à Shanghaï, son ami Guiol prenant la direction adjointe du secteur II du même service à Hanoi, que commande le colonel Maupin.
L’armistice de 1940 conduit le colonel Maupin, les capitaines Mingant, Guiol, Levain et Graille à appliquer la consigne permanente qui avait été donnée par G. Mandel, ministre des Colonies au service de renseignement colonial lors de sa création : en cas de rupture des relations avec la métropole, établir le contact avec les alliés les plus proches. C’est ainsi que naîtront les réseaux Maupin-Levain, Graille (tous les deux réseaux FFL) et Mingant, qui prend contact avec les Américains en Chine. Relevé de son poste par l’amiral Decoux, haut commissaire de Vichy en Indochine, Mingant doit quitter la Chine, mais il conserve ses contacts américains et renseigne les Alliés sur les activités nippones. Par chance le coup de force nippon qui balaye l’infrastructure administrative et militaire française en Indochine (9 mars 1945), Marcel Mingant échappe au filet des tortionnaires de la Kempeitaï (gendarmerie nippone) et c’est comme prisonnier de guerre qu’il est libéré à Saïgon par la victoire alliée.
Il regagne alors la France, et poursuit sa carrière militaire tout en jetant les bases de la Fédération des réseaux de la Résistance en Indochine (FRRIC) afin de défendre les droits de ses camarades de combat. Il devait en assurer la présidence tout en siégeant au titre de la Résistance extra-métropolitaine dans diverses commissions nationales. Il fait alors preuve d’une disponibilité de tous les instants, d’une infinie générosité et d’un dévouement sans faille en faveur de ses camarades de la Résistance.
La grande famille des Forces Françaises Libres dont la Fédération des réseaux de la Résistance en Indochine fait partie se joint à la famille en deuil, partageant sa peine. Elle gardera le souvenir du colonel Marcel Mingant, comme celui non seulement d’un camarade, mais plus encore d’un exemple.
Jacques Dauphin
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 258, 2e trimestre 1987.