Pierre Vienot

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Pierre Vienot (RFL).

Quelques jours après les débarquements et la première visite du général de Gaulle sur le sol français libéré, notre ambassadeur auprès du gouvernement britannique, M. Pierre Vienot, prononçait un émouvant discours à l’occasion du 18-Juin dans lequel il évoquait toute la signification et l’émotion de ce premier contact. Nous reproduisons plus loin ce discours.

Pierre Vienot succombait un mois plus tard, d’une crise cardiaque.
Nous évoquerons aujourd’hui sa mémoire, pour rendre hommage à un homme politique de la plus haute valeur, patriote intransigeant et résistant de la première heure, qui apporta un concours entièrement dévoué, jusqu’à épuisement de ses forces, au chef de la France Libre en qui il reconnaissait le mainteneur de la souveraineté nationale, le restaurateur de l’indépendance et des libertés nationales.
Né en 1897, Pierre Vienot s’engageait à 17 ans et terminait la guerre comme lieutenant, grand blessé, avec deux citations et la Légion d’honneur.
Ses activités postérieures l’orientaient vers les grandes questions de politique étrangère, en particulier les questions allemandes, et il fut l’un des apôtres de cette tentative de rapprochement franco-allemand qui fut brisée par l’avènement d’Hitler. Député des Ardennes en 1932, il devenait sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères dans le ministère Léon Blum en 1936, et négociait le traité franco-syrien.
En 1939, il contractait un engagement volontaire et était rappelé en mars 1940 pour diriger les émissions radiophoniques à destination de l’Allemagne.
Sa dernière émission, en juin, se terminait ainsi, au moment où l’ennemi se ruait sur Paris : « Vous gagnez des batailles. Quoi qu’il arrive encore, vous ne gagnerez pas la guerre, vous ne pouvez pas la gagner. » Puis il s’embarqua sur le Massilia pour continuer la lutte en Afrique.
Traduit devant un tribunal militaire pour « désertion », condamné avec sursis, il entrait immédiatement dans l’un des premiers mouvements de résistance et menait dès lors la vie errante, aventureuse et périlleuse qui était le lot de ceux qui, sur le territoire national, voulaient se dévouer à la patrie. Arrêté à nouveau en août 1942, il était incarcéré, puis mis en résidence surveillée dans un sanatorium d’où il s’évadait en 1943 pour rejoindre Londres.
Le comité français de libération nationale lui confiait le poste de première importance d’ambassadeur auprès du gouvernement britannique.
Il eut dans ce poste un travail écrasant qui acheva d’épuiser ses forces gravement atteintes par les épreuves des années précédentes, et en particulier à mener les négociations franco-britanniques afin d’assurer, dès le débarquement, au gouvernement provisoire l’exercice effectif de l’autorité gouvernementale en France.
Une dernière joie lui était réservée, celle de voir les premiers pas de la libération sur le sol national. Mais il tombait avant l’achèvement de la tâche, avant d’avoir revu les siens et son pays d’Ardennes.
Il avait été fait Compagnon de la Libération.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 69, juin 1954.