Les réseaux FFL

Les réseaux FFL

Les réseaux FFL

JOHNNY, avec KER – En décembre 1940, Jean Le Roux quitta la Bretagne pour rejoindre la France Libre à bord de L’Émigrant dans les conditions exceptionnelles que nous avons relatées dans le numéro de juin 1956 de notre revue. Dans le même numéro paraissait sous le titre : «Un Héros et un Traître», un article décrivant le comportement héroïque de Marcel Le Roy, radio-émetteur du réseau Johnny pour lequel Jean Le Roux était revenu en France en mars 1941. Le réseau Johnny cessa d’exister en juillet 1942, pratiquement anéanti par les arrestations. C’est un de nos réseaux où les pertes furent les plus lourdes puisque sur 197 agents homologués (dont 57 pour Ker) 53 payèrent de leur vie leur patriotisme et 60 furent déportés ou internés.

JULITTE – Fondé en octobre 1942 ne put exercer son activité que jusqu’en mars 1943. Sur 24 agents homologués, 22 furent déportés et parmi eux, six moururent dans les camps.

MISSION BRETT MORTON – Eut 62 agents homologués.

MITHRIDATE – Créé en août 1940 mais rattaché au B.C.R.A. en janvier 1942 seulement. Son activité fut très importante et, avec son sous-réseau Alouette, Mithridate totalise 1.987 agents homologués dont 127 moururent pour la France et 208 furent déportés ou internés mais rentrèrent vivants.

MARCO POLO avec BEARN – Créé en novembre 1942 eut 1.420 agents homologués parmi lesquels 56 morts et 79 déportés.

PHALANX – Créé en mars 1942 eut pour mission les renseignements politiques et économiques et fut particulièrement actif dans les milieux syndicalistes. Sur 243 agents, huit furent tués, sept moururent en déportation et 11 furent déportés ou internés mais échappèrent à la mort.

PHRATRIE avec BRICK, CORVETTE, COTRE, GOELETTE, HUNTER, JONQUE, TARTANE, MASSENA, VEDETTE – L’ensemble de ces réseaux dont la création remonte au 1er avril 1942 groupe 2.797 agents homologués. Nous n’avons pas de détail de leurs pertes sauf pour Phratrie qui eut 13 morts et 21 déportés; Brick, cinq déportés; Corvette, 26 morts et 11 déportés; Cotre, huit morts et 23 déportés; Tartane, Masséna, 15 morts et 21 déportés; Vedette, un mort et un déporté.

PRAXITELE avec ELEUTHÈRE, MANIPULE, MARATHON, NAVARRE (pour ce dernier, à l’exclusion du réseau Navarre du colonel Loustanau-Lacau et du réseau Navarre du général Navarre) et THERMOPYLES. La création de ce groupe de réseaux s’échelonne de février 1942 au début de 1943. Leur effectif global représente 2.496 agents homologués. Leurs pertes : 220 agents tués ou morts en déportation et 268 déportés ou internés. L’efficacité de ce groupe fut remarquable et dans «Mes Camarades sont morts», le colonel Brouillard expose ce que fut le réseau Eleuthère auquel il appartenait et les résultats qu’il obtint.

RONSARD TROENE – Sur un effectif de 175 agents eut 16 morts en déportation, 16 déportés rentrèrent vivants et 3 furent internés. Ce réseau avait été créé en septembre 1941.

SAINT-JACQUES – Mobilisé au 10e R.A.C., le lieutenant Maurice Duclos (alias Saint-Jacques) après avoir pris part à l’expédition de Narvik, arrive en Grande-Bretagne le 23 juin 1940 et se met à la disposition du général de Gaulle. Sur sa demande, le 2e bureau de la France Libre l’envoie en mission en territoire occupé. Maurice Duclos quitte l’Angleterre dans la nuit du 3 au 4 août 1940 à bord d’une vedette au large de Saint-Aubin qu’il atteint dans un dinghy à l’aube du 4 août, au point précis où le 6 juin 1944, à 7 h 30, le 488 commando des Royal Marines allait établir la première tête de pont. Saint-Jacques a pour mission d’obtenir le maximum de renseignements sur l’activité ennemie en territoire occupé, de Brest à la Belgique, de constituer des groupes armés susceptibles de reprendre le combat en temps voulu, de promouvoir l’édition et la diffusion de tracts et de journaux clandestins, de créer des équipes aptes aux sabotages et aux coups de main.

Arrivé à Paris, Saint-Jacques prend contact avec quelques amis sûrs. Charles Deguy sera son adjoint et dirigera le P.C. Marcel Halbout s’occupera de la Normandie. Lucien Feltesse (alias Jean Boulard) utilisera ses relations parmi les Anciens Combattants belges et sera chargé du Nord, Pas-de-Calais, Somme, et éventuellement la Belgique.

Michel Louet (alias Rivière) aura plus particulièrement pour mission les renseignements politiques et administratifs ainsi que la propagande.

Jacques Lurot (alias Donald) le mettra en contact avec le lieutenant-colonel Félix Brunau (alias Nardan) qui dirigera la région parisienne, la Seine-et-Oise, la Seine-Maritime sera chargé plus spécialement des sabotages et des coups de main.

André Visseaux enfin qui, après avoir été blessé à Doullens et fait prisonnier, a pu se faire libérer en prenant faussement la qualité d’infirmier. André Visseaux apportera à Saint-Jacques le concours du commandant Vérines, commandant militaire des Invalides qui, fort de ses relations dans la Garde républicaine et la gendarmerie, se chargera de la formation de cadres pour la reprise éventuelle du combat, et pourra, grâce à ces mêmes relations, obtenir des renseignements importants dans pratiquement toute la zone occupée.

Après avoir ainsi établi les bases de son réseau et transmis à Londres les premiers courriers qui y arriveront en septembre 1940, Saint-Jacques regagne l’Angleterre et atteint Londres le 24 décembre 1940. Il revient en France dans la nuit du 13 au 14 février 1941 en compagnie du radio John Mulleman muni d’un poste émetteur. Mais, parachuté dans la région du Bugue, il se casse les jambes à l’atterrissage, est hospitalisé à Périgueux, dénoncé aux autorités de Vichy qui l’arrêtent. Il retrouvera la liberté le 13 mars.

Mulleman est monté à Paris et il émettra successivement de Petit Quevilly et du Vésinet où le poste est installé chez la sœur de Saint-Jacques, qui sera ultérieurement arrêtée avec sa famille, condamnée à mort et subira avec sa fille Monique quatre ans de déportation.

En Juin 1941, Mulleman, qui s’est fait arrêter au passage de la ligne de démarcation, accepte de travailler pour l’ennemi qui, dès lors sera tenu au courant de tous les messages émis et reçus et en plus émettra des textes que lui remettront les services allemands. Mais Mulleman, se sentant soupçonné déclenche la catastrophe. Une première vague d’arrestations, le 8 août 1941, frappe entre autres, Charles Deguy, Marcel Halbout, Lucien Feltesse.

Deux mois après, nouvelle série d’arrestations due cette fois à l’agent double André Folmer, alias Richir, alias Albert. Le P.C. et la centrale de la rue Washington sont anéantis. Les sous-réseaux Normandie (Halbout) et Jean Boulard (Feltesse) sont disloqués, de même que le sous-réseau Rivière (Louet); ce dernier pourra toutefois éviter l’arrestation et gagner l’Afrique du Nord.

Charles Deguy sera fusillé au Mont Valérien, le 29 juillet 1942, en même temps que son agent de liaison Roger Pironneau, âgé de 19 ans. Le commandant Vérines, arrêté en octobre 1941, sera fusillé en octobre 1943 mais son sous-réseau continuera à fonctionner jusqu’à la libération, sous la direction de Jacques Daroussin assisté d’Émile Pinoy et de Charles Deketelaere.

Le sous-réseau Nardan aura une activité ininterrompue jusqu’à la libération malgré l’arrestation de son chef, le lieutenant-colonel Brunau, en 1943 Saint-Jacques pourra échapper aux recherches de la Gestapo et, le 1er mars 1942, rejoindra Londres où il sera chargé de la direction des services «Action».

Le réseau Saint-Jacques a été le premier à fonctionner en territoire occupé. En plus des renseignements concernant l’ordre de bataille allemand, les défenses côtières de la Mer du Nord et de la région du Havre, l’identification de nombreux terrains d’aviation et de dépôts de munitions, il a à son actif entre autres : la communication à Londres des rapports de la Commission d’armistice (notamment le fameux rapport Doyen) et des rapports des préfets de Vichy; la diffusion de «Pantagruel» et de «Valmy»; la destruction par la R.A.F. d’objectifs militaires dans le port de Rouen; le sabotage de plusieurs unités navales allemandes dans le port du Havre; la destruction de dépôts d’essence et de matériel, de centrales électriques, le sabotage de plusieurs centaines de wagons de matériel destiné à l’ennemi et la constitution de groupes armés qui prendront une part active aux combats de la libération.

Les arrestations de 1941 ne permettront l’identification après les hostilités que de 682 agents dont 331 seulement avec une précision suffisante pour permettre leur homologation. Les pertes atteindront 60 tués et 74 déportés et internés.

Les traîtres ont payé : John Mulleman a été fusillé au fort de Montrouge en 1946 et André Folmer est emprisonné à vie.

SAMSON – Fondé en avril 1943 recruta 942 agents. Ses pertes furent quatre tués, 18 morts en déportation et quatre déportés rentrés.

WILDE HAUET (MUSÉE DE L’HOMME) – Début d’activité : août 1940. Effectif : 606 agents. Pertes : 22 tués, 48 morts en déportation, 65 déportés rentrés.

Une place à part doit être réservée à la mission ANTOINE, mise en place en 1941 et qui a donné naissance aux réseaux Ali-Tir et Brutus.

ALI, affecté aux renseignements eut pour chefs, successivement Wybot (pseudo Ronald), d’avril à octobre 1941; Mangin (pseudo Pierre), d’octobre 1941 à février 1942; Andlauer (pseudo Antoine) de février à décembre 1942 tandis que TIR, branche Action du réseau eut pour chefs Tupet (pseudo Thome), de novembre 1941 à avril 1942 et Tavian (pseudo Collin) d’avril à décembre 1942. ALI-TIR mit sur pied d’autres réseaux qui finalement furent mis en rapport avec Londres. Ce furent : Roques Philippe (alias Rondeau) et Augure; Thermopyle (alias Groland), remplacé après son arrestation par Pignaniol; Fabre, rattaché à Phalanx (alias Garnier) et Christian Pineau; Peretti, réseau Ajax; Bornier, dit Bouche, réseau Sal; Raimondi, réseau Rud Corse; Jean Charron, dit Rocher, réseau Dur. Dès août 1941, ALI-TIR eut des relations par radio avec le B.C.R.A. et entre novembre 1941 et novembre 1942 eut à son actif neuf opérations aériennes dont trois parachutages d’hommes et de matériel et six atterrissages comportant des réceptions et des départs d’agents. Sur un effectif de 75 agents, quatre furent tués, cinq furent déportés et un mourut en déportation.

Il faut également mentionner la DÉLÉGATION GÉNÉRALE, placée sur les ordres de Jean Moulin, alias Rex, alias Max, qui était en France occupée la représentation civile du général de Gaulle auprès des mouvements de Résistance. La délégation générale, à laquelle fut rattachée l’Action P.T.T., comprit 366 agents.