Retrouver sa dignité d’homme

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Le contexte

Mgr Gabriel Piguet (1887-1952) est évêque de Clermont-Ferrand de 1933 à 1952. Ancien combattant de la Grande Guerre, ardemment patriote, il voue une grande admiration au maréchal Pétain, s’investissant dans la Légion française des combattants et condamnant la Résistance, ce qui ne l’empêche pas de protéger des juifs à partir de 1942.

En mai-juin 1944, les Allemands arrêtent plusieurs évêques français. Lui-même est interpellé le 28 mai, lors de la messe de la Pentecôte, dans la cathédrale de Clermont-Ferrand, et interné pendant trois mois dans la caserne du 92e régiment d’infanterie, pour avoir donné un celebret (pièce administrative permettant à un prête de célébrer la messe partout où il passe) à un prêtre vivant dans la clandestinité. Il est le seul évêque français à avoir été déporté, avec d’autres compagnons choisis comme otages, le 20 août. Acheminé par train jusqu’à la gare de Rothau (Bas-Rhin), il est conduit au camp de Struthof-Natzweiler. Pendant le trajet, il est frappé et s’écroule pendant la montée au camp, où il doit abandonner son habit d’évêque pour le pyjama rayé. Après six jours au Revier, l’infirmerie du camp, il repart pour le camp de Dachau, où il arrive le 9 septembre et reçoit le matricule 103.001.

Il passe deux semaines au Revier, avant d’être dirigé vers la « baraque des prêtres », un ensemble de quatre baraques hébergeant des prêtres de toute l’Europe, surtout polonais et allemands : il passe trois jours au bloc 28 avec les Polonais, puis est transféré au bloc 26 avec des Allemands, où les conditions sont moins dures. En qualité d’évêque, il y procède, à l’insu des gardiens, à l’ordination, le 17 décembre 1944, de Karl Leisner, un séminariste qui souhaite être ordonné prêtre avant de mourir. Mort le 12 août 1945, Leisner a été béatifié en 1996.

Le 22 janvier, suite à l’intervention du Vatican, Gabriel Piguet est transféré dans le bunker des prisonniers de marque, où il échappe aux conditions de vie des déportés. Le 24 avril, avec les autres prisonniers ayant un traitement privilégié, il est acheminé vers Innsbruck en autocar. Il est de retour à Clermont-Ferrand le 14 mai 1945.

En 1996, il a été reconnu « Juste parmi les nations » par le mémorial Yad Vashem.

Le document

La photo, réalisée par le service de presse et d’information français, est parue dans le n° 4, volume 8, de Free France, un bulletin mensuel publié par publié à New York par le French Press and Information Service, une agence du Gouvernement provisoire de la République française, le 15 août 1945, p. 102.

La légende indique que « Mgr Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, qui a été récemment libéré et porte toujours son habit de prisonnier, célèbre la messe devant le Palais de Chaillot en mémoire des martyrs de cette guerre ».

Cette messe d’appel à la réconciliation a lieu le 7 juillet 1945 sur l’esplanade du palais de Chaillot, devant 100 000 personnes et en présence du cardinal Emmanuel Suhard (1874-1949), archevêque de Paris de 1940 à 1949, lui aussi fidèle pétainiste sous l’Occupation. À la gauche de l’évêque apparaît une croix que les déportés ont portée et qui sera érigée dans un camp de concentration.

Retrouver sa dignité d'homme

Coll. Fondation de la France Libre

 

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