
L’esprit du mouvement de la France libre, 23 août 1940
par le colonel de Larminat

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Les Forces Françaises Libres n’ont rien de commun avec les hommes politiques ou publicistes qui ont quitté la France pour sauver leur vie, leur liberté ou leur fortune. Ceux-là ne parlent et n’agissent que pour leur propre compte. Les Forces Françaises Libres les ignorent, elles ne connaissent que ceux qui se tournent vers elles dans le seul but de délivrer leur pays, et qui acceptent les termes de la mission définie plus haut. Les Forces Françaises Libres ne sont pas un parti, elles ne constituent pas un instrument de guerre civile. Elles ne connaissent qu’un ennemi, celui qui occupe le territoire français et tient le Gouvernement français dans la plus étroite sujétion. Elles reconnaissent comme amis tous ceux qui peuvent les aider à affranchir leur pays. Elles revendiquent intégralement, dans tous les domaines, les droits de la France, écrasée sur les champs de bataille d’Europe, mais qui ne sera pas vaincue tant que des Français combattront librement aux côtés des Nations qui contestent sa victoire à l’Allemagne.
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Les Français patriotes de toutes les opinions ont leur place dans les rangs des Forces Françaises Libres. Toutes les parties de l’Empire Français qui ont encore échappé à la botte de l’ennemi doivent rallier ce mouvement. Elles lui apporteront l’inappréciable appoint de Terres françaises libres qui constitueront le noyau autour duquel se reconstituera la Nation Française dans son intégrité. La France d’outre-mer a été créée au prix du sang français le plus pur, celui qui se déversait pour l’honneur et la gloire au cours des périodes de paix. C’est une terre d’héroïsme et d’énergie. Née de la Métropole au prix de sacrifice en hommes et en argent, il est juste qu’elle lui rende ces bienfaits en luttant pour la relever en un moment de défaillance. L’on a souvent dit que la France d’outre-mer avait été créée par de courageux pionniers contre le gré de gouvernements à courtes vues. Cette tradition féconde n’est pas morte. Les hommes de la France d’outre-mer referont la France tout court en dépit d’un gouvernement prisonnier de l’ennemi.