Hugues Limonti dit « Germain »
Né à Saint-Laurent-de-Chamousset le 14 août 1921, de parents dauphinois, Hugues Limonti fait du scoutisme jusqu’à l’âge de 14 ans.
Études laïques jusqu’au certificat d’études, puis études secondaires. Il entre chez Berliet à l’âge de 15 ans, en 1936.
Puis, c’est les Chantiers de Jeunesse d’octobre 1941 à fin mai 1942 à Crotenay, dans le Jura.
C’est tout de suite la Résistance, avec son père, sa mère et ses sœurs, à héberger des clandestins.
Peu de temps après, c’est l’entrée officielle dans la Résistance, sous le pseudonyme de “Germain”. Il est rapidement présenté au lieutenant Cordier qui est secrétaire de Jean Moulin qu’il rencontre chez Mme Bedat-Gerbaut, déjà citée. Il entre ensuite à la délégation générale du gouvernement provisoire de la République française.
Dans un premier temps son rôle consiste à tenir certains contacts avec différentes personnalités, relever des boîtes aux lettres dans Lyon, et déposer du courrier dans d’autres. Il est également chargé de diverses missions à Roanne, Montluçon et Lons-le-Saunier (transports d’armes et de fonds).
En juillet 1942, il signait son contrat d’engagement au titre de la France Libre. Il avait à peine 20 ans.
En janvier 1943, Jean Moulin décide d’installer une première équipe de la délégation générale en zone nord à Paris.
Hugues Limonti est chargé d’organiser les voyages, de transporter des archives, porter des émetteurs et tout le matériel nécessaire à l’équipement du bureau.
Il est alors nommé chef de service des liaisons, avec une dizaine d’agents à sa disposition.
Il devait assurer, dans Paris même, une trentaine de liaisons par jour avec les divers groupes de Résistance, Libération, Combat OCM, Front National, OGT, Voix du Nord, etc.
Liaisons également avec la zone sud, avec les responsables de terrains de parachutages, pour la récupération des fonds en provenance de Londres centralisés à la délégation générale et redistribués par son canal aux différents groupes de Résistance. Contacts directs, une ou plusieurs fois par semaine, avec différentes personnalités.
La délégation générale passait par lui pour toucher les groupes de Résistants et les personnalités, lesquels devaient également contacter notre ami pour joindre la délégation générale, obtenir des rendez-vous, des renseignements, etc.
Il dut également organiser des voyages, des déplacements, des réceptions, des convoyages de personnalités, attachés militaires, partant ou arrivant de Londres.
Il eut aussi à s’occuper de trouver du travail et des refuges pour des Israélites.
Il eut encore la redoutable mission de la récupération de documents dans les bureaux et appartements surveillés ou présumés occupés par la police allemande.
Arrêté le 24 septembre 1943, à 20 heures, dans une souricière tendue par la Gestapo, 84, rue de Grenelle, interrogé une partie de la nuit, incarcéré à la prison, de Fresnes, il subit neuf interrogatoires, puis fut transféré à Compiègne et déporté à Buchenwald, Drütte, et enfin Bergen-Belsen.
Torturé, il n’a pas parlé, “plaque tournante” de l’organisation, Dieu seul sait combien d’hommes, sans le savoir d’ailleurs, lui doivent la vie.
Rapatrié malade, tuberculose et dysenterie, il ne pesait plus que 35 kg.
Il a été démobilisé avec le grade de caporal. “Peut-être bien caporal-chef”, disait-il avec un grand sourire.
À son épouse, à son fils, à sa famille, nous adressons notre douloureuse sympathie.
Nous avons perdu un ami.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 266, 2e trimestre 1989.