Robert Allard
Robert Allard, disparu en mai dernier, était né à Camaret le 20 mai 1910. Engagé en 1929, il devait avoir une carrière militaire exceptionnelle. En effet, il quitta l’artillerie lourde pour passer en 1931 aux compagnies sahariennes du Touat, au sud de Colomb-Béchard. Là, les exigences de la spécialisation de l’arme l’amenèrent à s’intéresser à la radio qui alors dépendait du génie ; il devait conserver cette spécialisation jusqu’en 1938, ce qui lui valut, le 1er octobre 1939, d’être affecté au service radio de l’attaché militaire de France en Roumanie.
La guerre ne devait pas tarder à éclater. La Roumanie était réputée neutre sinon amie, mais à partir de septembre 1940, renversement des alliances, la Roumanie tombe sous la coupe de l’Allemagne. Les services de l’attaché militaire se tournent vers le renseignement. Ils se constituent alors en un réseau qui portera plus tard le nom de son chef, Neuhauser. Celui-ci sera capable pendant quatre années de tenir à jour l’ordre de bataille des unités allemandes et roumaines en Roumanie. Notre camarade ne cessera d’y apporter sa contribution, qui s’étendra aux liaisons avec ses homologues d’Istanbul, de Budapest et plus tard de Beyrouth quand le Liban aura quitté l’orbe de Vichy. C’est en effet de Bucarest que les Alliés apprirent l’arrivée des premiers planeurs de Syrie. Il faut y ajouter la destruction des raffineries de pétrole de Hongrie et de Roumanie, l’aide aux maquis français de Slovaquie et la surveillance de la navigation en mer Noire.
Cependant, ces activités étaient de plus en plus difficiles, la Gestapo était active, l’ambassadeur Paul Morand fit saisir le poste émetteur ; Allard et ses camarades le lui remirent, mais il était saboté. Ils en avaient gardé un second en état de marche pour les services de la France Libre.
En mai 1945, notre ami revint en France, il était alors lieutenant ; dégagé des cadres deux ans plus tard, il se retira à Camaret comme capitaine ; il n’y resta pas inactif. En janvier 1949, il se trouvait à la pointe de Pen Hir avec le docteur Vourc’h de Plomodiern et ses amis de la France Libre. Il s’agissait d’ériger en ce lieu le monument que nous y connaissons. Allard ne cessa de veiller sur ce point de ralliement des Français Libres, organisant les cérémonies du souvenir, veillant à son intégrité, et cela jusqu’à ce que la fatigue ait raison de lui ; tous ses camarades en garderont le souvenir.
Robert Allard était officier de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre avec palme, de la médaille de la Résistance, du Ouissam Alaouite et de la médaille coloniale avec agrafes Maroc et AOF.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 305, 1er trimestre 1999.