Victor Dubourgel
Victor Joseph DUBOURGEL
Né le 1er avril 1917 à Taninges (74)
Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 30.232
“Disparaît dans la Manche” le 5 septembre 1942 au large de la baie de Somme
Pilote au groupe de chasse “GC2 Île de France”
“Mort pour la France” à l’âge de 25 ans
LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION
Victor DUBOURGEL, engagé dans l’Armée de l’Air, est breveté pilote lorsque la France entre en guerre en septembre 1939.
Il se trouve en stage de perfectionnement à l’École de chasse d’Avord, près de Bourges, lorsque face à l’avancée fulgurante des troupes Allemandes au nord de la France, l’École doit se replier en mai 1940 vers la Rochelle, puis vers le sud un mois plus tard.
Le 17 juin 1940, Victor est en repli au village de Saint-Martin-de-Hinx lorsqu’il prend connaissance du discours radiophonique du maréchal PÉTAIN annonçant avoir demandé à l’ennemi l’arrêt des hostilités. Refusant la défaite de l’armée française, il décide de quitter la France pour rejoindre l’Afrique du Nord afin de poursuivre la lutte.
C’est à Bayonne, avec une quinzaine de camarades, qu’il va embarquer avec la complicité de soldats tchèques sur un cargo à destination du Maroc.
A leur arrivée à Casablanca, prenant connaissance de l’armistice franco-italien signé le 25 juin, ils ont conscience que le seul moyen de poursuivre le combat est de rejoindre la Grande-Bretagne, seul pays encore en guerre contre l’Allemagne. Au port ils réussissent, grâce à la complicité de soldats polonais, à embarquer clandestinement sur un cargo à destination de Gibraltar, avant de rejoindre la Grande-Bretagne.
Victor débarque à Greenock, en Écosse, le 18 juillet 1940. A Londres, fait le choix de répondre à l’Appel du général de GAULLE et s’engage dans les Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL). A cette occasion, il demande à prendre comme nom d’emprunt celui de “Gilbert TERHANE”.
Il va alors suivre le parcours des écoles de pilotage de la RAF (Royal Air Force) et obtenir son brevet de pilote de la RAF en avril 1942.
Il poursuit sa formation dans l’école de perfectionnement du “n°52 OTU” (Operational Training Unit) avant d’être affecté trois mois plus tard au “340 Squadron”, groupe de chasse GC2 “Île de France”, comprenant uniquement des pilotes FAFL, sous les ordres du commandant Bernard DUPÉRIER.
En août 1942, le “340” s’installe sur la base RAF de Hornchurch située à l’est de Londres. L’adjudant Victor DUBOURGEL va participer à ses premières missions offensives au-dessus des territoires occupés du nord de la France aux commandes d’un “Spitfire Mk.V”.
Le 5 septembre 1942, il est désigné pour participer à une mission de diversion en Picardie.
Il ne le sait pas… ce sera sa dernière mission.
SA DERNIERE MISSION
Samedi 5 septembre 1942, le “340 Squadron” va participer à une importante opération de bombardement “Circus 214” menée par 36 bombardiers qui auront pour objectif la destruction des installations ferroviaires de Rouen.
08h00, “Briefing”. Le “340” aura pour tâche d’effectuer une diversion afin d’attirer la chasse allemande dans le secteur d’Abbeville. Il sera accompagné du “122 Squadron” formant ensemble la Wing de Hornchurch.
Il est 9h30 lorsque douze Spitfire du “340” décollent de la base RAF de Hornchurch, conduits par le Squadron Leader Bernard DUPERRIER. Les conditions météorologiques sont très bonnes.
Victor DUBOURGEL est aux commandes du “Spitfire Mk.Vb (W3705) GW -X”. Il fait partie de la “Yellow section” conduite par le capitaine de LABOUCHERE (Yellow 1), avec lui ses équipiers le sergent Bernard THIBAUD (Yellow 2) et le sergent Marcel BOUGUEN (Yellow 3).
La traversée de la Manche ne se passe pas comme prévu. Les deux “Wing” qui devaient les rejoindre ne sont pas aux rendez-vous. Malgré cela, le “340” et le “122 Squadron” commencent à sillonner comme prévu le secteur entre Cayeux-sur-mer et Le Tréport à une altitude de 7500m. Les minutes passent sans qu’aucun avion ennemi ne soit aperçu.
Alors que la mission est sur le point de se terminer, le “340” est menacé par une cinquantaine de “Folcke-Wulf Fw190” appartenant à l’escadre de chasse de la JG26 (Jagdgeschwader n°26). En infériorité numérique, le Squadron Leader DUPÉRIER (Red 1) donne l’ordre de quitter les lieux et prendre aussitôt le chemin du retour.
Le capitaine de LABOUCHERE de la “Yellow section” annonce qu’il va vers la droite où il lui semble avoir distingué quelque chose. C’est à cet instant que les cinquante “Fw190” s’abattent sur eux. Il est environ 10h30 lorsque débute un violent combat aérien au-dessus de la Manche. DUPÉRIER avec les deux sections qui lui reste fonce à son secours. Le “122 Squadron” est absent et le “340” se retrouve seul.
Le sous-lieutenant BOUDIER (Blue 3) réussit à abattre deux “Fw190” dans le secteur de Cayeux-sur-mer.
Cependant, les événements prennent une tournure dramatique. Le sergent Bernard THIBAUD (Yellow 2), ne pouvant résister aux tirs de ses assaillants, tombe près de Mers-les-Bains. Raymond TACONET (Blue 2), en tentant de porter assistance à des camarades d’une autre section, se retrouvant isolé, est lui aussi abattu. François de LABOUCHERE (Yellow 1) poursuivit par des “Fw190” est abattu au-dessus de la mer. On aperçoit Victor DUBOURGEL (Yellow 4), en difficulté pris à partie par les tirs de “Fw190”, être abattu et tomber en mer.
Le “122 Squadron”arrive enfin et entre dans la bataille. En changeant l’équilibre des forces les “Fw190” disparaissent.
De retour en Angleterre, il est 11h15 lorsque se posent à Hornchurch les huit “Spitfire” restants du groupe “Île de France”.
Bernard THIBAUD, Victor DUBOURGEL, Raymond TACONET et François de LABOUCHERE seront officiellement déclarés “porté disparu”.
Cette mission restera la plus meurtrière de toutes celles que connaitra le Groupe de chasse “Île de France”.
L’adjudant Victor DUBOURGEL était âgé de 25 ans. Il totalisait 22h de vol de guerre.
Son corps n’a jamais été retrouvé.
Estimation du lieu de la disparition au large de la baie de Somme.
Pour en savoir davantage sur le parcours de Victor Dubourgel, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF (prochainement disponible).